Des hauts fonctionnaires européens craignent que les exigences américaines visant à ce que l'Ukraine reconnaisse la péninsule de Crimée comme territoire russe puissent provoquer une fracture au sein de l’Europe, car l'« ultimatum » de Donald Trump obligerait les pays européens à faire un choix entre le soutien à Kiev ou à Washington, a rapporté le Financial Times (FT), en citant des sources.
Le journal britannique précise que l’Europe n'a pas l'intention de reconnaître la Crimée comme russe et ne fera pas pression sur l'Ukraine pour qu'elle renonce à la péninsule, ce dont elle a également informé les États-Unis. En outre, selon le FT, les pays européens ont pour position de ne pas accepter quoi que ce soit que refuserait Volodymyr Zelensky en matière de souveraineté de l'Ukraine .
Menace sur l'unité de l'OTAN et de l'UE
Le Financial Times a souligné que la proposition des États-Unis sur la Crimée et la menace de leur retrait des pourparlers sur le règlement et la normalisation des relations entre Washington et Moscou pourraient entraîner des désaccords entre les dirigeants de l'OTAN. De plus, le sommet de l'Alliance, qui devrait se tenir en juin, risque d'être perturbé en raison de la situation actuelle.
D'après le journal britannique, les États membres de l'UE pourraient être confrontés à des désaccords similaires, notamment sur la question des sanctions imposées à la Russie si Washington décide de lever ses restrictions. Le FT citant un haut fonctionnaire européen a indiqué que toute décision des États-Unis de reconnaître la Crimée comme étant russe ou d'exiger que l'Europe assouplisse les sanctions contre la Russie détruirait l'unité de l'UE.
Washington pourrait-il négocier sans l'Europe ?
Le magazine Spectator a suggéré que malgré le refus de Washington de participer aux discussions prévues à Londres le 23 avril, Steve Witkoff, l'envoyé spécial de Donald Trump, pourrait toujours se rendre en Russie le 25 avril. Alors que le fossé entre les États-Unis, l'Europe et l'Ukraine ne cesse de se creuser, Washington pourrait, selon l'hebdomadaire britannique, poursuivre les discussions sur l'Ukraine avec Moscou sans tenir compte des pays européens.
Dans le même temps, certains pays européens ne sont plus aussi confiants quant à la position de Kiev dans le conflit. Ainsi, le Premier ministre polonais Andrzej Duda a déclaré dans une interview accordée à Euronews que l'Ukraine devrait faire des concessions. « Il doit y avoir un compromis. [...] Chaque partie devra céder quelque chose. L’Ukraine devra elle aussi céder d’une façon ou d’une autre, et c’est ce qui arrivera probablement », a-t-il affirmé.
Une réunion avait été prévue à Londres le 23 avril avec la participation des représentants des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l'Ukraine. Toutefois, la veille de la réunion, les États-Unis ont annulé leur participation et le niveau des discussions a été abaissé. Reuters a rapporté que la raison en serait un document dans lequel Kiev a souligné qu'il refusait de discuter des questions territoriales avant qu'un cessez-le-feu ne soit conclu.
Volodymyr Zelensky a par ailleurs déclaré que l'Ukraine ne reconnaîtrait jamais officiellement la Crimée comme étant russe. Donald Trump a vivement critiqué le politicien ukrainien : « S'il veut la Crimée, pourquoi les Ukrainiens ne se sont-ils pas battus pour cette région il y a 11 ans, lorsqu'elle a été cédée à la Russie sans tirer un coup de feu ? [...] La situation en Ukraine est désastreuse : il [Zelensky] peut choisir entre la paix ou la guerre pendant encore trois ans avant de perdre tout le pays ».