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Des polluants cancérigènes dans votre vin ? Une étude révèle une contamination massive de TFA en Europe

Une étude du réseau PAN Europe révèle une contamination croissante des vins européens par le TFA, un sous-produit issu de pesticides PFAS. Les concentrations explosent depuis 2010, atteignant des niveaux jusqu’à 100 fois supérieurs à ceux détectés dans l’eau potable.

Le vin européen n’est plus épargné par les polluants industriels. Le réseau Pesticide Action Network (PAN Europe) a publié, le 23 avril, une analyse alarmante sur la présence de TFA – acide trifluoroacétique – dans une cinquantaine de vins rouges, blancs et rosés issus de dix pays de l’Union européenne. Ce composé, sous-produit de la dégradation des pesticides PFAS, est qualifié de « polluant éternel » en raison de sa persistance dans l’environnement.

Selon Le Monde, tous les millésimes postérieurs à 1988 contiennent du TFA. En revanche, aucun vin plus ancien ne présentait de traces de ce composé. Les concentrations relevées suivent une tendance exponentielle. De 13 microgrammes par litre (µg/l) dans les années 1990, les niveaux moyens ont grimpé à 122 µg/l pour les millésimes 2021 à 2024. Un vin blanc autrichien détient un record avec 320 µg/l. En comparaison, la moyenne dans l’eau potable reste autour de 0,4 à 37 µg/l, selon l’Agence régionale de santé d’Occitanie.

Les pesticides PFAS au cœur du problème

Le TFA provient majoritairement de pesticides à base de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), utilisés en agriculture. Ces composés chimiques, appliqués sur les cultures, se dégradent dans l’environnement pour générer le TFA, qui finit par contaminer les eaux souterraines et les produits agricoles, dont le vin.

RFI précise que 94 % des vins conventionnels testés contiennent jusqu’à huit résidus de pesticides, incluant notamment deux fongicides PFAS : fluopyram et fluopicolide. « Il faut d’abord interdire les substances qui sont trop toxiques pour être sur le marché », déclare Salomé Roynel, chargée de mission chez PAN Europe.

Le réseau Générations Futures, co-auteur de l’étude, alerte également sur la gravité de la situation : « Nous ingérons probablement beaucoup plus de TFA par notre alimentation qu’on ne le pensait auparavant », affirme Helmut Burtscher-Schaden, chimiste environnemental.

Vers une réponse réglementaire ?

La contamination est particulièrement forte dans les vins non biologiques. Les cinq vins bio analysés affichent des concentrations plus faibles, autour de 40 µg/l. Par ailleurs, les cépages résistants traités sans fongicides montrent aussi des niveaux réduits.

Malgré son omniprésence, le TFA reste non réglementé en Europe. Une décision cruciale est attendue mi-mai, alors que l’Union européenne doit se prononcer sur l’interdiction du flutolanil, un pesticide PFAS émetteur de TFA. « Ce que nous observons n’est probablement que la partie émergée de l’iceberg », prévient François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.

La multiplication de ces polluants chimiques dans l’alimentation illustre les failles du modèle agricole européen et confirme une tendance inquiétante pour la santé publique. PAN Europe appelle à une interdiction immédiate des 31 pesticides PFAS toujours autorisés sur le continent.