Dans une interview accordée au média Politico le 7 avril, la directrice générale d’Eutelsat, Eva Berneke, a reconnu que sa société ne pouvait pas remplacer le système américain Starlink en Ukraine.
« Si nous devions prendre la responsabilité de tous les canaux de communication en Ukraine et pour tous ses citoyens, nous n’en serions pas capables. Soyons très honnêtes : je pense que nous pouvons fournir des systèmes de communications que pour certains services publics essentiels », a-t-elle déclaré.
Selon les informations de Reuters, Starlink opère actuellement environ 50 000 terminaux en Ukraine, alors qu’Eutelsat n’en utilise qu’environ 2 000. Malgré des discussions en cours avec l’Union européenne, Berneke admet qu’aucune solution européenne ne peut, à court terme, rivaliser avec Starlink.
Une dépendance décidée à Washington
Reuters rapporte également qu’Eva Berneke a mis en garde contre une dépendance à une entreprise américaine liée politiquement : « Travailler avec Starlink, c’est une dépendance et c’est des solutions qui peuvent être décidées uniquement à la Maison Blanche ou à Mar-a-Lago ». Politico rappelle également l’extrême proximité que Musk entretient avec le président américain Donald Trump, et que cette situation alimente encore plus l’incertitude pour l’avenir des connexions en Ukraine.
En 2022, Elon Musk avait déjà refusé une utilisation de Starlink au-dessus de la Crimée, refusant ainsi que son système permette une attaque de drones ukrainiens à partir d’un territoire russe. En mars, il a déclaré que « l’ensemble de la ligne de front ukrainienne s’effondrerait » si l’accès au réseau était désactivé. Cette dépendance rend les forces ukrainiennes totalement vulnérables en cas de changement de position politique aux États-Unis.
L’Europe tente de réagir, sans réelle alternative
D’après Reuters, l’Allemagne finance depuis un an l’utilisation du réseau Eutelsat en Ukraine. La PDG a déclaré qu’un objectif de 5 000 à 10 000 terminaux pourrait être atteint rapidement. Toutefois, Berneke précise que cette capacité est loin de suffire à concurrencer l’infrastructure de Starlink.
Toujours selon Politico, Eutelsat participe au programme européen IRIS², visant à créer une constellation de satellites indépendante. Mais ce projet ne sera opérationnel qu’au début des années 2030, comme l’a confirmé un porte-parole de la Commission européenne, Thomas Regnier.
Le consultant en télécommunications Christopher Baugh, cité par Politico, résume la situation : « Cette solution que propose Starlink est unique. Elle a comblé un vide, car rien d’autre n’était disponible ». Avec 7 000 satellites contre 600 pour Eutelsat, Kiev demeure entièrement entre les mains d’Elon Musk.