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Nucléaire iranien : Téhéran laisse la porte ouverte aux «négociations indirectes» avec Washington

Le chef de la diplomatie iranienne a déclaré être prêt à «essayer la voie de négociations indirectes» avec les États-Unis, estimant que toutes négociations directes avec Washington «n’auraient pas de sens». Des propos qui surviennent près d’une semaine après ceux du président Pezeshkian, qui a rejeté tout contact direct malgré les menaces de Trump.

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force en violation de la Charte des Nations Unies et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n’auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, selon des propos rapportés ce 6 avril par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes » avec les États-Unis, avec lesquels Téhéran n’a plus de relations diplomatiques depuis 1980, a ajouté le ministre iranien.  

Ce dialogue « indirect » irano-américain se poursuivrait via le Sultanat d’Oman, a rapporté à l’agence Reuters un haut responsable iranien. Celui-ci a également évoqué une mise en garde que l'ayatollah Ali Khamenei aurait formulée à l’endroit des autres acteurs régionaux contre les « graves conséquences » auxquels ils s’exposeraient s’ils venaient à apporter leur soutien à une attaque américaine contre la République islamique. Un soutien qui inclut, notamment, l’autorisation aux forces américaines d’utiliser leur espace aérien.

Le 3 avril, à bord d’Air Force One, Donald Trump avait déclaré à des journalistes qu’il préférait avoir des «négociations directes» avec Téhéran, au sujet du programme nucléaire iranien. « Cela va plus vite et vous comprenez beaucoup mieux l’autre camp qu’en passant par des intermédiaires », avait ajouté le dirigeant américain.

Un refus « dû à l’histoire, à l’expérience et aux précédents, et non à l'entêtement »

L’éventualité d’entretenir des négociations directes avait déjà été « rejetée » le 30 mars par le président iranien Masoud Pezeshkian, qui précisait néanmoins « que la voie des négociations indirectes restait ouverte ». « S’ils ne signent pas d’accord, il y aura des bombardements », avait lancé le même jour le dirigeant américain, sur la chaine NBC. Celui-ci avait également déclaré qu’il envisageait d’imposer des droits de douane secondaires aux pays qui achètent du pétrole à l'Iran.

Des propos « imprudents et belliqueux » dénoncés, dès le lendemain, par l’Iran auprès du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans une lettre consultée par Reuters, le représentant permanent iranien auprès de l’ONU, Amir Saeid Iravani, mettait « fermement » en garde quant au fait que Téhéran réagirait « rapidement et de manière décisive » a tout « acte d’agression » mené par les États-Unis ou Israël « contre sa souveraineté, son intégrité territoriale ou ses intérêts nationaux ».

Dans une interview au site d'information KhabarOnline, publiée le 23 mars, le chef de la diplomatie iranienne expliquait que ce refus de négocier directement avec les États-Unis était « dû à l’histoire, à l’expérience et aux précédents, et non à l'entêtement », renvoyant au retrait de l'administration Trump de l'accord de Vienne en 2018.