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«L’ancienne relation avec les États-Unis est terminée», affirme le Premier ministre canadien Mark Carney

Le Premier ministre canadien Mark Carney a déclaré que la relation économique et sécuritaire entre le Canada et les États-Unis était désormais terminée, dénonçant un partenaire américain devenu peu fiable, après les multiples menaces de Donald Trump envers son voisin.

Le Premier ministre canadien Mark Carney a affirmé ce jeudi 27 mars que «l’ancienne relation entre le Canada et les États-Unis est désormais terminée». Lors d’une conférence de presse à Ottawa, il a dénoncé une rupture profonde dans la coopération bilatérale, soulignant que Washington n’était plus un «partenaire fiable», ni sur le plan économique, ni sur le plan sécuritaire. Cette déclaration survient après l’annonce du président américain Donald Trump d’imposer un tarif de 25 % sur les importations de voitures étrangères, dont celles venant du Canada. Cette mesure s’ajoute aux précédents tarifs sur l’acier et l’aluminium canadiens, aggravant une situation déjà tendue depuis plusieurs semaines.

Mark Carney a cependant indiqué qu’un échange téléphonique avec Donald Trump pourrait avoir lieu «dans un jour ou deux», mais qu’aucune négociation sérieuse ne serait possible sans «respect de la souveraineté canadienne». Il a promis des mesures de représailles commerciales qui viseront à «avoir un impact maximal aux États-Unis et un impact minimal ici au Canada».

Réduire la dépendance et reconfigurer l’économie locale
Comme le rapporte CNN, le Premier ministre a affirmé que le Canada devait désormais «réduire drastiquement sa dépendance envers les États-Unis» et réorienter ses priorités commerciales. Il a évoqué la nécessité de «faire des choses jusqu’ici jugées impossibles, à une vitesse que nous n’avons pas vue depuis des générations». Cette nouvelle ligne marque une volonté de sortir de l’alignement automatique sur les intérêts américains et de revoir les dépendances créées par des décennies de coopération déséquilibrée entre les deux pays.

Radio-Canada précise que Mark Carney a convoqué une réunion avec les Premiers ministres provinciaux et territoriaux pour établir une réponse coordonnée. Des consultations sont également en cours avec le patronat, les syndicats et les représentants des populations autochtones. «Rien n’est exclu pour défendre notre pays», a déclaré le chef du gouvernement.

Une stratégie de résistance face à l’intimidation américaine
Selon le Financial Times, cette crise pourrait remettre en question l’Accord États-Unis–Mexique–Canada et forcer le Canada à réinventer son économie. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déjà alerté sur un possible passage en récession si les tarifs américains se maintiennent. Le Premier ministre, lui, a déclaré vouloir «reconstruire une économie canadienne indépendante» et protéger les secteurs stratégiques comme l’automobile, lourdement menacés.

De son côté, Donald Trump a prévenu sur Truth Social que si le Canada tentait de coopérer avec l’Union européenne contre Washington, alors des «tarifs de très grande ampleur» seraient appliqués contre les deux. Marc Carney a répondu sans équivoque : «Nous sommes maîtres chez nous. Nous contrôlerons notre destin».

Comme le rapporte Politico, le Canada envisage jusqu’à 155 milliards de dollars canadiens de représailles tarifaires. Pour l’heure, Carney écarte un déplacement à Washington, mais certains membres de son cabinet pourraient s’y rendre. Il a assuré que le moment venu, le pays saurait «répondre avec intelligence».

Le Premier ministre a précisé que d’autres annonces pourraient suivre après la date du 2 avril, moment où Washington doit dévoiler l’ensemble de ses mesures tarifaires. En attendant, Ottawa maintient sa position : une riposte commerciale sera déclenchée si les États-Unis poursuivent leur politique actuelle.