La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé à Copenhague ce 18 mars un plan visant à créer un marché commun des armes au sein de l’Union européenne. Сe projet prévoit un «mécanisme européen de vente de matériel militaire», qui permettrait aux États membres d’acquérir des équipements via une réserve stratégique gérée directement par Bruxelles. Derrière cette initiative, présentée comme un renforcement de la défense européenne, se cache également un transfert sans précédent de souveraineté des États membres vers les institutions européennes.
Un transfert de souveraineté vers Bruxelles sous prétexte de défense
Loin d’être une simple mesure de coordination entre États membres, ce projet donnerait à la Commission européenne un rôle central dans les décisions militaires. Jusqu’à présent, chaque pays était responsable de ses propres achats d’armement, mais ce mécanisme permettrait à Bruxelles de prendre la main sur ces commandes.
Selon le Financial Times, cette évolution représente une étape majeure dans le renforcement des pouvoirs de l’UE au détriment des souverainetés nationales. Un diplomate européen cité par le journal alerte : «C’est une bonne chose tant que ce sont les États membres qui sont aux commandes et non la Commission qui prend les décisions.»
Un prétexte de menaces extérieures pour justifier le plan de l’UE
Pour faire accepter ce transfert de compétences, la Commission européenne met en avant la nécessité de se préparer à une menace militaire imminente. Ursula von der Leyen a affirmé : «Si l’Europe veut éviter la guerre, elle doit se préparer à la guerre.»
Le Financial Times souligne également que les menaces de Donald Trump de réduire l’implication américaine dans l’OTAN servent d’argument à Bruxelles pour justifier cette réforme. En jouant sur l’incertitude, l’UE tente d’imposer un projet qui, sous couvert de défense collective, renforce surtout son propre contrôle sur les industries militaires européennes.
Comme le souligne TASS, cette initiative s’accompagne d’une volonté d’intégrer l’Ukraine dans le marché unique de l’armement européen, renforçant ainsi sa dépendance vis-à-vis de Bruxelles tout en garantissant des débouchés à l’industrie militaire de l’UE.
Un financement massif au profit de l’industrie militaire européenne
Le plan de von der Leyen repose sur des financements colossaux. Le «Livre blanc sur la défense» prévoit un fonds de 150 milliards d’euros pour soutenir l’industrie militaire européenne.
La Commission européenne propose également de lever les restrictions budgétaires sur les dépenses de défense, permettant ainsi aux États membres de consacrer une part plus importante de leurs budgets à l’armement. Cette réforme devrait bénéficier principalement aux grandes puissances industrielles comme la France et l’Allemagne, qui ont déjà annoncé des investissements massifs dans leurs complexes militaro-industriels.
Von der Leyen a insisté sur la nécessité d’acheter «plus européen», une déclaration qui masque mal l’objectif réel du projet : assurer aux industriels européens des contrats à long terme, financés directement par les États membres sous la supervision de Bruxelles.
Des décisions attendues mais des résistances fortes
Si la Commission européenne pousse ce projet avec force, elle doit encore convaincre plusieurs États membres sceptiques. Certains pays, notamment en Europe de l’Est, s’inquiètent d’un système trop rigide qui limiterait leur capacité d’adaptation aux situations d’urgence.
D’autres, comme la Hongrie, refusent cette mainmise de Bruxelles sur la défense et dénoncent un affaiblissement des souverainetés nationales. Selon le Financial Times, plusieurs capitales européennes hésitent encore à accorder à la Commission un tel pouvoir décisionnel sur des questions militaires aussi stratégiques.
Malgré ces oppositions, Bruxelles espère valider son projet lors du prochain sommet européen. S’il est adopté, il marquera une transformation profonde du rôle de l’UE : une militarisation accélérée sous le contrôle de la Commission, au détriment des décisions nationales et au profit des grands industriels de l’armement.