Dans la soirée du 16 mars, Benjamin Netanyahou a révélé sa décision de démettre Ronen Bar de ses fonctions de directeur du Shin Bet. Cette annonce n’a guère étonné, les relations entre les deux hommes étant marquées par une animosité croissante ces derniers mois. Pour expliquer son choix, le Premier ministre a invoqué un «manque de confiance».
Dans une allocution vidéo, Netanyahou a affirmé: «Citoyens d’Israël, nous sommes au cœur d’une guerre pour notre existence même – une guerre sur plusieurs fronts. À tout moment, mais surtout dans une guerre aussi existentielle, le Premier ministre doit avoir pleinement confiance dans le chef du Shin Bet. Malheureusement, la situation est inverse : je n’ai pas cette confiance».
Des informations confidentielles sur Netanyahou ?
Il a poursuivi : «Je continue de me méfier du chef du Shin Bet et cette méfiance s’est accrue au fil du temps. Face à ce manque de confiance persistant, j’ai décidé de soumettre au gouvernement une proposition de résolution visant à limoger le chef du Shin Bet. En tant que Premier ministre en charge du Shin Bet, je suis certain que cette étape est nécessaire pour la réhabilitation de l’organisation, pour atteindre tous nos objectifs de guerre et pour prévenir la prochaine catastrophe».
Cette mesure, qui mûrissait depuis un moment, s’est accélérée à la suite d’un différend avec Nadav Argaman, ancien directeur du Shin Bet. Lors d’une interview télévisée, ce dernier a menacé de divulguer des informations sensibles sur Netanyahou, qu’il affirme posséder. En réponse, le Premier ministre a porté plainte, et une enquête policière visant Argaman devrait bientôt débuter. Condamnant avec véhémence ce qu’il a qualifié de «méthodes mafieuses» de la part d’Argaman, Netanyahou en a profité pour critiquer à nouveau Ronen Bar, l’accusant de s’opposer à lui.
De son côté, Bar a indiqué qu’il comptait rester en poste «dans un avenir proche», mettant en avant ses devoirs envers la sécurité nationale dans un climat tendu. Il a souligné que son éviction n’était pas liée aux événements du 7 octobre, pour lesquels il avait déjà « assumé la responsabilité du service » et exprimé son intention de quitter ses fonctions plus tard.
Ronen Bar a ajouté: «Le Shin Bet, sous ma direction, a mené une enquête approfondie sur le 7 octobre, révélant des failles dans les services de renseignement et les processus internes, dont la correction a déjà commencé». Il a également pointé du doigt des décisions politiques: «Parallèlement, l’enquête a mis en lumière une politique menée pendant des années, en particulier l’année précédant le massacre, par le gouvernement et son chef», dénonçant «un mépris délibéré et prolongé des avertissements de l’organisation par les échelons politiques».