Dans une interview accordée à Bloomberg ce 13 mars, la chef de la diplomatie européenne Kaja Kallas a affirmé que l’Union européenne défendrait ses intérêts si Donald Trump appliquait des droits de douane de 200% sur les vins, le champagne et d’autres boissons alcoolisées en provenance de l’UE. Cette déclaration intervient après que le président américain a exigé la suppression des taxes européennes récemment portées à 50% sur le whisky américain.
Cette décision de Bruxelles fait elle même suite aux nouveaux droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium européens, annoncés par Washington cette année. Ces mesures, perçues comme une attaque contre les industries européennes, ont conduit l’UE à renforcer sa propre politique tarifaire en doublant les taxes sur le whisky américain.
Un nouvel épisode dans la guerre commerciale transatlantique
L’Union européenne et les États-Unis se retrouvent une fois de plus en conflit sur la question des droits de douane. Le président américain a annoncé que si Bruxelles ne revenait pas sur sa décision d’augmenter les taxes sur le whisky américain, Washington réagirait en imposant des tarifs prohibitifs sur les boissons alcoolisées européennes.
Donald Trump avait déjà imposé, lors de son premier mandat, des droits sur les importations européennes d’acier et d’aluminium, une mesure qui avait conduit Bruxelles à adopter des contre-mesures similaires. Cette fois, l’UE n’a pas tardé à réagir. «Nous gardons la tête froide et sommes bien sûr prêts à agir et à défendre nos intérêts si nécessaire», a déclaré Kaja Kallas à Bloomberg. Bruxelles étudie déjà des contre-mesures économiques ciblées qui pourraient être mises en œuvre dès le mois d’avril 2025.
L’UE prépare sa riposte économique
Face aux nouvelles taxes américaines, la Commission européenne a annoncé des contre-mesures fortes et proportionnées. À partir du 1ᵉʳ avril, Bruxelles rétablira des droits de douane déjà imposés entre 2018 et 2020 sur plusieurs produits américains, notamment le bourbon, les bateaux et les motos Harley-Davidson, pour un montant total estimé à 8 milliards d’euros. Ensuite, à la mi-avril, de nouvelles sanctions viendront s’ajouter, ciblant des exportations américaines évaluées à 18 milliards d’euros. Au total, ces mesures de rétorsion atteindront 26 milliards d’euros, soit une valeur équivalente à l’impact économique des droits de douane imposés par Washington.
Cependant, l’Union européenne pourrait également être durement touchée par cette guerre commerciale. Les restrictions imposées par les États-Unis pourraient lui faire perdre jusqu’à 1,5% de son PIB, avec des pertes d’exportations estimées à 28 milliards d’euros.
Des répercussions économiques aux États-Unis et en Europe
L’application de ces nouveaux tarifs douaniers pourrait avoir des conséquences lourdes des deux côtés de l’Atlantique. Selon le New York Times, ces taxes risquent d’impacter fortement l’industrie viticole américaine, qui dépend largement de la distribution des vins européens. Les restaurateurs et distributeurs américains redoutent un effet domino qui toucherait l’ensemble de leur secteur.
Les viticulteurs européens, quant à eux, s’inquiètent de perdre une part importante du marché américain, l’un des plus lucratifs pour les producteurs français et italiens. «Ces droits, s'ils sont imposés, détruiront tout simplement les restaurants et les magasins populaires dans toutes les villes américaines», a déclaré Ben Aneff, directeur de l’U.S. Wine Trade Alliance.
Bruxelles envisagerait également d’activer son «instrument anti-coercition», un mécanisme permettant de cibler des entreprises américaines stratégiques. Le Financial Times avait révélé en février que des représailles contre les grandes entreprises technologiques et financières américaines étaient à l’étude.
Alors que l’UE cherche à préserver ses intérêts, les tensions avec Washington ne cessent de s’accroître. Bruxelles tente de rester ferme face aux exigences américaines, mais l’issue de cette confrontation économique reste incertaine.