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Sommet européen du 6 mars : l’Union Européenne face au défi du désengagement américain

Les dirigeants de l’Union européenne se sont réunis le 6 mars à Bruxelles pour un sommet exceptionnel sur la défense et l’Ukraine. Cette réunion intervient alors que Donald Trump a suspendu l’aide militaire à Kiev, obligeant l’UE à repenser son soutien à l’Ukraine et à renforcer ses capacités militaires face à l’incertitude américaine.

Lors de ce sommet, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté un plan de réarmement de 800 milliards d’euros. Ce programme vise à renforcer les capacités militaires de l’UE et à soutenir l'industrie de défense ukrainienne. «Il donne aux pays de l’UE une marge de manœuvre budgétaire pour investir dans la défense», a-t-elle déclaré.

Cette initiative arrive alors que les États-Unis ont coupé leurs financements militaires à l’Ukraine, contraignant Bruxelles à assumer seule une aide massive à Kiev. Face à cette situation, Kaja Kallas, chef de la diplomatie européenne, a insisté sur la nécessité de renforcer l'armement de l'Ukraine, affirmant que «l’Europe est en danger et doit donc armer Kiev».

Militarisation des frontières orientales de l’UE

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a profité du sommet pour appeler à un renforcement de la présence des troupes européennes et de l’OTAN aux frontières avec la Russie et la Biélorussie. Selon lui, «l’Europe est capable de remporter toute confrontation militaire, financière et économique avec la Russie – nous sommes simplement plus forts», a-t-il déclaré à Reuters.

La Pologne met particulièrement en avant le projet «Bouclier oriental», qui vise à renforcer la protection des frontières orientales de l’UE. Ce plan est soutenu par la Finlande et les pays baltes, qui souhaitent capter une partie des fonds européens dédiés à la défense.

Divisions internes sur l’aide à Kiev

Malgré les ambitions affichées, l’UE est loin d’être unie sur la question du soutien à l’Ukraine. La Hongrie et la Slovaquie s’opposent fermement à une nouvelle aide militaire, bloquant les décisions européennes. En réponse, le président lituanien Gitanas Nauseda a déclaré qu’une «coalition de volontaires» pourrait être formée pour contourner ces oppositions et continuer à financer Kiev.

Face à ces blocages, Kaja Kallas a proposé un mécanisme de vote à la majorité pour éviter qu’un seul pays ne puisse s’opposer aux décisions de l’UE. Cette proposition accentue les tensions entre Bruxelles et Budapest, la Hongrie dénonçant une tentative de lui imposer des décisions unilatérales.

L’Europe à la recherche d’une autonomie stratégique

Ce sommet exceptionnel a mis en lumière les divisions croissantes entre les pays européens et les incertitudes liées au positionnement des États-Unis sous la présidence Trump. Tandis que certains pays veulent accélérer le réarmement et l’aide à Kiev, d’autres, comme l’Autriche, rappellent leur neutralité. «Ce statut est inscrit dans notre constitution et doit être compris en Europe», a déclaré le chancelier autrichien Christian Stocker.

Olaf Scholz, quant à lui, a insisté sur l’importance d’éviter une «paix imposée» à l’Ukraine, tout en restant prudent sur les engagements militaires européens.

Volodymyr Zelensky, présent à Bruxelles, a tenté de rassurer les Européens en les remerciant pour leur soutien. «Nous sommes très reconnaissants de ne pas être seuls», a-t-il déclaré, cherchant à calmer les critiques sur son manque de gratitude envers ses alliés occidentaux après l’arrêt de l’aide américaine.

Un sommet sous l’ombre de Washington

Ce sommet continue d’illustrer la fragilité des relations transatlantiques. Avec Donald Trump à la Maison Blanche, l’Europe ne peut plus compter sur le soutien inconditionnel des États-Unis et doit désormais financer seule le conflit en Ukraine. L’UE tente de donner l’image d’un front uni, mais les dissensions internes et la dépendance aux financements américains restent fortement visibles.