Alors que l'émissaire américaine s'était rendue à Beyrouth le 7 février pour exhorter le Premier ministre à ne pas inclure de membres du Hezbollah ou des alliés du mouvement chiite dans le gouvernement, Nawaf Salam a préféré ignorer les injonctions de Washington.
Après plusieurs semaines de tractations ardues, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a formé le 9 février un nouveau gouvernement et nommé 24 ministres, mettant ainsi fin à plus de deux ans de gouvernance intérimaire. Parmi les ministres, on trouve notamment des membres du Hezbollah et de son proche allié chiite Amal. Yassine Jaber hérite du convoité ministère des Finances. Cet ancien ministre de l'Économie est proche du président du Parlement Nabih Berri, chef du mouvement chiite Amal, allié du Hezbollah pro-iranien.
Ingérence dans le pays du Cèdre
Certains ont critiqué cette nomination, y voyant un avantage pour Nabih Berri. Ce portefeuille stratégique sera crucial à l'heure où le Liban a besoin de financements pour se reconstruire après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah d'une part, et des années de crise économique de l'autre.
Dans le gouvernement de Nawaf Salam, on retrouve également à la Santé Rokan Nassereddine du Hezbollah, au Travail Mohammad Khoder du Hezbollah, à l'Environnement Tamara al-Zein, du mouvement Amal, et au Développement administratif Fadi Makki (Amal).
L’émissaire américaine de l’administration de Donald Trump, en visite au Liban les 7 et 8 février, avait affirmé que «le règne de la terreur» du Hezbollah «au Liban et dans le monde est révolu». «Israël a vaincu le Hezbollah et nous lui en sommes reconnaissants, et nous insistons sur le fait que le Hezbollah ne doit en aucun cas participer au nouveau gouvernement libanais», avait-elle ajouté.
Dans une première réponse aux propos tenus par l’émissaire américaine Morgan Ortagus depuis le palais de Baabda après son entretien avec le président de la République Joseph Aoun, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad avait estimé qu’ils représentaient «une ingérence inacceptable dans les affaires libanaises».