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Haïti : arrivée de renforts kényans pour tenter d'endiguer la violence des gangs

Alors que la violence des gangs continue de faire des ravages en Haïti, un nouveau contingent d'environ 200 policiers kényans est arrivé le 6 février à Port-au-Prince, portant à près de 1 000 les effectifs de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS).

Haïti continue de sombrer dans la violence. Le 6 février, environ 200 policiers kényans ont atterri à l’aéroport Toussaint-Louverture de Port-au-Prince en renfort à la MMAS, une mission multinationale – jusqu'à récemment principalement soutenue par Washington – mise en place pour tenter de ramener la stabilité dans un pays en proie aux gangs armés.

Ces nouveaux arrivants portent à environ 1 000 le nombre de policiers déployés depuis juin dernier, en attendant les 2 500 promis au total. Un nombre qui devait être atteint le mois dernier.

Le président haïtien par intérim, Leslie Voltaire, et le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, étaient présents pour accueillir ces renforts. Pour l’instant, les principaux contributeurs à cette force sont le Kenya, avec désormais plus de 750 policiers envoyés, et le Salvador, qui a récemment déployé 60 militaires.

Cependant, la situation sur le terrain reste dramatique. Selon un rapport du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), publié le 3 février, la fin de l’année 2024 a été marquée par une escalade de la violence.

Entre octobre et décembre, 1 732 personnes ont été tuées et 411 autres blessées dans des attaques de gangs, des affrontements avec les forces de l’ordre et des règlements de comptes. Sur l’ensemble de l’année, le pays a enregistré 5 626 morts, 2 213 blessés et 1 494 enlèvements contre rançon. 

Une situation sécuritaire hors de contrôle 

Les massacres se sont multipliés, notamment dans le quartier de Wharf Jérémie, à Port-au-Prince, et dans l’Artibonite. Selon l'agence onusienne, la population, excédée, a intensifié les actes de «justice populaire», avec 596 personnes lynchées ou exécutées en 2024. 

Le rapport a également souligné «le nombre élevé de personnes tuées lors des opérations de maintien de l’ordre» contre les gangs. Au dernier trimestre, 771 personnes ont été tuées ou blessées, dont de nombreux civils pris entre deux feux. 

Les gangs, eux, continuent d’étendre leur emprise en bloquant les axes routiers, s’attaquant aux écoles et aux hôpitaux, et utilisant la terreur pour asseoir leur pouvoir. Ces derniers contrôlent 85% de la capitale, a indiqué le 7 février le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). L'agence de l'ONU dénonce les violences sexuelles à l'encontre des enfants, qui ont augmenté de «1 000%» en l'espace d'un an. Elle évoque des «crimes inimaginables» à l'encontre des «plus jeunes».