Lors d’une conférence de presse ce 6 février, le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé a affirmé que des ONG financées depuis l’étranger, notamment par l’USAID et le National Endowment for Democracy (NED), étaient à l’«avant-garde» des tentatives de «révolution» en Géorgie.
Pointant du doigt «les "ONG" les plus riches de Géorgie», Kobakhidzé les a accusées d'être «directement utilisées pour organiser une révolution», ajoutant que ce «processus continue encore aujourd'hui».
Le Premier ministre a poursuivi, citant l'International Society for Fair Elections and Democracy (ISFED), également financée par l’USAID, et accusée d’avoir «falsifié les résultats du décompte parallèle» des élections législatives de 2020 dans le but de provoquer des troubles. Il a souligné que ces financements étrangers servaient à influencer la situation politique du pays, dénonçant une «menace pour la souveraineté de la Géorgie».
Face à cette situation, le parti au pouvoir, Kobakhidzé a répété l'importance de la loi sur les agents étrangers, inspirée du Foreign Agents Registration Act (FARA) américain et qui a beaucoup fait débat en 2024 en Géorgie. Kobakhidzé a insisté sur la nécessité de rendre public tout financement étranger : «Chaque centime qui entre dans le pays devrait être transparent pour la société géorgienne afin que personne ne puisse tromper le peuple géorgien».
Renvoyant aux données du portail américain ForeignAssistance.gov, l'agence de presse russe RIA Novosti a rapporté que l’USAID aurait alloué «plus de 100 millions de dollars aux élections» en Géorgie.
Le président du Parlement géorgien, Chalva Papouachvili, a affirmé que l’USAID, par l’intermédiaire d’ONG politiques, avait dépensé 41,7 millions de dollars pour les élections en Géorgie», précisant que, rapporté à la population géorgienne, ce montant équivaudrait à 3,78 milliards de dollars injectés dans une élection américaine par un pays étranger. «Il est donc impossible de dépenser 41,7 millions de dollars pour les élections d’un autre pays et dans le même temps de ne pas se sentir responsable envers la population de ce pays» a-t-il ajouté.
Dans le même temps, l’USAID a dû suspendre ses activités dans la foulée de l'élection de Donald Trump. Ce dernier a gelé l'aide internationale américaine, et le milliardaire Elon Musk, nommé à la tête du nouveau Department of Government Efficiency (DOGE), a déclaré le 3 février que l'agence allait «fermer». Selon CBS, la Maison Blanche prévoit de fusionner l’USAID avec le Département d’État et de réduire son personnel.
Les accusations contre l’USAID interviennent alors que la Géorgie traverse une période de tensions politiques. Des manifestations ont éclaté après l'annonce du gouvernement le 28 novembre de reporter les négociations d’adhésion à l’Union européenne jusqu’en 2028. Une annonce survenue dans la foulée d'un vote au Parlement européen rejetant les résultats des législatives en Géorgie et appelant à l'organisation sous un an d'un nouveau vote.