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Liban : une journaliste poursuivie pour avoir interrogé un membre de Tsahal

La journaliste libanaise Layal al-Ikhtiyar de la chaîne saoudienne Al-Arabiya est poursuivie par la justice libanaise pour avoir interviewé le porte-parole de l'armée israélienne Avichay Adraee en octobre 2023. Tout contact avec un citoyen de l'État hébreu est interdit par la loi libanaise.

L'histoire remonte à octobre 2023. Une journaliste libanaise de la chaîne saoudienne Al-Arabiya interroge le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee et l'appelle «oustaz», «professeur» en arabe.

Le juge d’instruction militaire Fadi Sawan a décidé le 22 janvier de poursuivre son enquête sur l'animatrice libanaise Layal al-Ikhtiyar, accusée d’avoir enfreint la loi sur le boycott d’Israël, a rapporté le quotidien libanais L'Orient-Le Jour (OLJ).

A l'époque, l'interview avait suscité une controverse au pays du Cèdre, alors que le Liban était quotidiennement la cible des tirs de l'armée israélienne en raison des affrontements avec le Hezbollah. En vertu du droit libanais, tout contact direct avec un citoyen israélien est interdit et condamné.

Ces Libanais inquiétés pour leurs contacts avec Israël

Selon l’article 1 de la loi libanaise sur le boycott d’Israël, il est «interdit à toute personne physique ou morale de conclure, personnellement ou par l’intermédiaire d’un tiers, un accord avec des organisations ou des personnes résidant en Israël ou détenant la citoyenneté israélienne, ou de travailler en leur nom ou dans leur intérêt, lorsque l’objet de cet accord implique des opérations commerciales ou financières, ou toute autre transaction, de quelque nature que ce soit».

A son arrivée à l'aéroport de Beyrouth depuis Dubaï, où sont situés les studios de la chaîne saoudienne, la journaliste a dû s'acquitter d'une amende de 50 millions de livres libanaises, soit environ 534 euros, a relaté l'OLJ. 

Par le passé, plusieurs affaires similaires avaient provoqué un tollé au Liban. La Libanaise Salwa Akar avait été disqualifiée par son propre pays du concours de miss pour avoir pris une photo avec la candidate israélienne en 2018. 

Par ailleurs, des avocats libanais avaient déposé des plaintes à l'encontre de Carlos Ghosn en 2020 pour «collaboration avec Israël». Ils ont même émis l'hypothèse que son évasion du Japon ait pu être facilitée par des agents du Mossad. Le magnat de l'automobile, alors qu'il était encore PDG du groupe Renault-Nissan, s'était rendu en Israël en 2008 dans le cadre d'un partenariat pour le lancement d'une voiture électrique. Au cours de sa visite, il avait même rencontré le président israélien de l'époque, Shimon Peres.