Le président serbe Aleksandar Vucic a accusé l'opposition de collaborer avec des agences de renseignement étrangères pour déstabiliser le pays, dans un contexte de manifestations étudiantes déclenchées par l'effondrement meurtrier en novembre dernier d'un toit à la gare de Novi Sad, dans le nord du pays. L'incident, qui a fait 15 morts, avait notamment provoqué la démission du ministre des Infrastructures, Goran Vesic.
«Tout ceci est une tentative de révolution colorée», a déclaré le président serbe lors d’une interview en direct à la télévision d’État Happy TV, le 18 janvier. Le terme «révolutions de couleur» désigne une série de mouvements soutenus par l’Occident, visant à obtenir un changement politique dans des pays d’Europe de l'Est et d’Asie centrale. Le terme désigne de manière générale des mouvements de protestation perçus comme étant soutenus par des intérêts étrangers.
Selon le président Vucic, des agents de renseignement étrangers encourageraient les étudiants à bloquer les principales voies de communication. «Notre opposition est un outil entre les mains des services criminels et des services de renseignements étrangers. Ces jeunes sont plus ou moins utilisés par eux», a-t-il notamment affirmé.
Les manifestations menées par les étudiants et les groupes d’opposition ont commencé en novembre et se sont propagées dans plusieurs villes du pays, dont Novi Sad et la capitale Belgrade. Les manifestants se rassemblent tous les vendredis à 11h52 – heure de l’effondrement tragique du toit de la gare le 1er novembre – et observent un silence de 15 minutes, bloquant souvent la circulation. Une cinquantaine d’universités ont par ailleurs suspendu leurs activités en raison du boycott des étudiants.
Coalition d'intérêts occidentaux
Le président Vucic a également affirmé qu'une coalition d'intérêts occidentaux, croates et albanais essayait d'affaiblir son pays. «Ils cherchent à détruire la Serbie de l'intérieur, à nous empêcher de devenir un acteur international important en provoquant un conflit interne», a-t-il déclaré, soulignant la montée en force de la Serbie par rapport à ses voisins.
«La Serbie avait des capacités militaires estimées à 55% de la Croatie, mais aujourd'hui, pour la première fois depuis 25 ans, elle est plus forte», a-t-il déclaré. Désormais, «leur réaction est de me prendre pour cible, moi et les progrès de la Serbie», a-t-il ajouté.
Cependant, le président serbe a exprimé sa confiance dans la résilience de la Serbie, minimisant les chances de succès de l’opposition. «Je n’accepterai jamais la destruction de la Serbie – même s’ils me mettent un pistolet sur la tempe», a-t-il notamment martelé.
Sous l’impulsion de l’opposition, les manifestations étudiantes se sont étendues peu à peu à des rassemblements contre la position de la Serbie sur le conflit ukrainien. Les critiques ont accusé Aleksandar Vucic de s'aligner trop étroitement sur Moscou.