Dans un pays multiconfessionnel comme le Liban, la répartition des postes en fonction du poids démographique d'une communauté est d'une importance cruciale.
Alors que le nouveau Premier ministre libanais a été nommé le 13 janvier dernier, les deux principaux partis chiites, le mouvement Amal et le Hezbollah, ont décidé de ne pas assister aux consultations parlementaires. Nawaf Salam, nouveau chef du gouvernement, peut-il se passer du tandem chiite ?
Car si ces deux partis boudent l’équipe ministérielle de Nawaf Salam – lui-même désigné avec une majorité absolue mais sans aucun vote chiite – et ne lui accordent pas leur confiance, le Liban serait face à une situation sans précédent. Dans les milieux proches du Hezbollah et d'Amal, on considère que si aucun de leurs députés ne donne son aval au nouveau chef du gouvernement, cela serait contraire au pacte national et ce gouvernement n’aurait donc aucune légitimité.
Vers la nomination de chiites indépendants, non affiliés au Hezbollah ?
Or selon la constitution, il suffit que le gouvernement de Nawaf Salam inclue des ministres chiites, même indépendants, pour qu’il soit légitime. Cette dernière stipule qu’aucune confession ne doit être exclue de la formation du gouvernement, et non pas aucun parti.
De ce fait, depuis quelques jours, les noms d’activistes, de journalistes et d’experts indépendants ou hostiles au tandem Hezbollah-Amal circulent sur les réseaux sociaux comme candidats susceptibles de se voir attribuer des portefeuilles. Parmi ces noms, celui de Ali Mrad, professeur de droit et ancien candidat aux législatives de 2022 au Liban-Sud III. Circule également le nom de Mohammad Barakat, rédacteur en chef du média en ligne Assas.
La question est donc de savoir si Nawaf Salam et le président Joseph Aoun, qui tous deux insistent pour inclure les deux grands partis chiites au gouvernement, vont risquer d’irriter le tandem en incluant des figures chiites non affiliées aux partis ou politiquement éloignées ?
Le Hezbollah subit de facto un recul sur la scène politique interne avec des élections et des nominations qu'il n'avait pas souhaitées. Il est par ailleurs contraint d'accepter un cessez-le-feu l'obligeant à rendre une partie de son arsenal militaire. De surcroît, la perte de son allié syrien Bachar el-Assad l'empêche de recevoir des armes iraniennes par voie terrestre.