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Passe d'armes entre Bratislava et Kiev : «Je ne suis pas votre humble serviteur», lance Fico à Zelensky

Dans un message vidéo publié sur les réseaux sociaux, le Premier ministre slovaque Robert Fico a répondu aux accusations portées par Volodymyr Zelensky après sa visite à Moscou, brandissant au passage la menace de couper ses approvisionnements en électricité de l'Ukraine si celle-ci mettait un terme au transit du gaz russe à travers son territoire.

La tension continue de monter entre Bratislava et Kiev. Dans une vidéo publiée le 27 décembre sur sa page Facebook, le Premier ministre slovaque Robert Fico a vertement répondu aux dernières accusations de Volodymyr Zelensky.

«Je comprends à quelle pression vous êtes soumis. Je comprends que l'Occident vous donne presque tout ce que vous demandez en raison de ses intérêts politiques, mais je ne suis pas votre humble serviteur qui ne peut pas exprimer son opinion et qui est obligé de vous aider sans rien attendre en retour», a lancé l'homme politique slovaque à Volodymyr Zelensky.

Dans cette intervention vidéo, Robert Fico a affirmé qu'il continuerait à mettre en avant l'«agenda de la paix» lors de ses déplacements internationaux.

La position de l'Ukraine «empire tous les jours»

«Je ne suis pas et ne veux pas être l'un de ces hommes politiques occidentaux qui soutiennent ouvertement la guerre», a-t-il affirmé, assurant qu'il «n'accepterai[t] jamais que des Slaves s'entretuent à cause d'intérêts géopolitiques et du rêve de diviser et d'affaiblir la Russie». Celui-ci a par ailleurs déclaré «ne pas comprendre» le refus de Volodymyr Zelensky d'un cessez-le-feu. Selon lui, les dirigeants du pays «entraînent l'Ukraine à la catastrophe» et leur position dans d'éventuelles négociations «empire tous les jours»

Dans un message posté le 23 décembre sur X, au lendemain d'un déplacement de Robert Fico à Moscou, Volodymyr Zelensky avait notamment estimé que «les forces de l'ordre et les services spéciaux slovaques» devraient s'«inquiéter» des «importantes remises» que «Moscou accorde à Fico». Par ailleurs, d'après-lui, si Robert Fico et Vladimir Poutine n'ont fait aucune déclaration à l'issue de leur rencontre, c'est parce qu'«ils ont peur de la réaction de l'opinion publique».

Cette rencontre entre les dirigeants russe et slovaque intervenait sur fond de refus de Kiev de proroger le contrat de transit de gaz russe à travers l'Ukraine qui arrive à terme le 31 décembre.

Un approvisionnement que Robert Fico juge vital pour la Slovaquie. Celui-ci avait déclaré le 19 décembre, à l'issue d'un Conseil européen, que Volodymyr Zelensky aurait tenté de le soudoyer sur cette question, en lui proposant un dédommagement financier s'il votait en faveur d'une adhésion de l'Ukraine à l'OTAN.

«[Il] m'a demandé si je voterais en faveur de l'adhésion [de l'Ukraine] à l'OTAN s'il me donnait 500 millions d'euros d'actifs russes», a affirmé Robert Fico, qui venait de signaler au dirigeant ukrainien que la Slovaquie pourrait perdre 500 millions d'euros de frais de transit par an.

Gaz russe contre électricité slovaque

Dans sa vidéo, le Premier ministre slovaque a menacé de couper son approvisionnement en électricité de l'Ukraine si celle-ci mettait ainsi un terme au transit du gaz russe à partir du 1er janvier. Selon l'homme politique, l'Europe devra faire face à des coûts énergétiques supplémentaires de 120 milliards d'euros en 2025-2026 en raison de la décision de Kiev.

«Après le 1er janvier, nous évaluerons la situation et les éventuelles mesures de rétorsion contre l'Ukraine. Si c'est inévitable, nous arrêterons les livraisons d'électricité, dont l'Ukraine a cruellement besoin pendant les coupures de courant, ou nous nous mettrons d'accord sur une autre méthode», a déclaré Robert Fico.

«Il suffit de regarder quels pays bénéficient le plus de la réduction de la dépendance de l'Union européenne à l'égard du gaz russe. La réponse est très simple : ce sont d'abord les États-Unis», a-t-il également déclaré, rappelant que le dirigeant américain élu Donald Trump avait déjà menacé les pays de l'UE d'imposer des droits de douane s'ils ne commençaient pas à acheter davantage de pétrole et de gaz américains.