Le 15 décembre 2024, CNN diffusait un reportage mettant en scène sa correspondante internationale en chef, Clarissa Ward, explorant une prison prétendument abandonnée à Damas, en Syrie. Elle y «découvrait» un homme enfermé dans une cellule, identifié comme Adel Ghorbal, un civil de Homs présenté comme une victime.
Dans la vidéo diffusée avec un ton dramatique, Ward libérait ce prisonnier qui la remerciait avec émotion. Il prétendait avoir été détenu pendant trois mois sans eau ni nourriture et accusé de transporter des contenus suspects sur son téléphone. CNN qualifiait cette scène de témoignage poignant des supposés «abus» de l’ancien pouvoir syrien.
Cependant, une enquête menée par la plateforme indépendante Verify-Sy, relayée par des médias comme The Middle East Eye, a révélé une toute autre vérité : cet homme s’appelle en réalité Mohammad Salama, alias «Abu Hamza», et s'avère être un ancien lieutenant des services de renseignement syriens, connu dans le pays pour avoir commis de graves crimes. Selon Verify-Sy, Mohammad Salama était un acteur notoire des services de renseignement de l’armée de l’air syrienne. Il aurait géré des points de contrôle à Homs, extorqué de l’argent à des civils et participé à des opérations de torture.
Des incohérences flagrantes
De nombreux détails du reportage ont suscité des doutes dès sa diffusion. Selon Verify-Sy, le prisonnier, supposément affamé et torturé, paraissait «bien soigné, sans signe de malnutrition, avec des cheveux et une barbe taillés». De plus, sa réaction à la lumière du jour était étrange pour une personne enfermée dans l'obscurité depuis des jours.
CNN a reconnu, dans un communiqué publié sur son site après ces révélations, que l’homme aurait pu donner une fausse identité, affirmant cependant que la scène avait été rapportée fidèlement. «Personne d’autre que notre équipe ne connaissait l’intention de visiter ce site. Les évènements se sont déroulés tels qu’ils apparaissent dans notre reportage», a insisté la chaîne.
Des accusations récurrentes contre CNN
Cette affaire n’est pas une première pour CNN, dont le journalisme a été plusieurs fois critiqué pour son manque de rigueur. En 2021, la même journaliste, Clarissa Ward, avait été accusée d’avoir mis en scène un reportage près de la frontière entre Israël et Gaza. De nombreuses séquences avaient été jugées «artificielles et exagérées», rappelle le New York Post dans son article ce 17 décembre.
Ce reportage s’inscrirait également dans un contexte plus large, où CNN est souvent accusée de diffuser des contenus biaisés pour servir une ligne éditoriale favorable à l’Occident et déstabiliser les pays hostiles aux États-Unis.
En conclusion, Verify-Sy s’interroge si cette controverse met en lumière les limites du journalisme occidental, où des récits émotionnels prennent parfois le pas sur les faits. «CNN a-t-elle été victime de désinformation ou a-t-elle délibérément trompé son public ?».