Washington maintient un contact direct avec le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) qui a joué un rôle clé dans le renversement du gouvernement du président Bachar el-Assad en Syrie, a déclaré le secrétaire d'État américain Antony Blinken lors d'une conférence de presse à Aqaba, en Jordanie, le 14 décembre. Interrogé sur les communications des États-Unis avec le groupe désormais au pouvoir à Damas, il a répondu : «Oui, nous avons été en contact avec le Hayat Tahrir al-Cham et d'autres parties.» Et de préciser : «Il s'agit de contacts directs, oui.»
Washington espère que les nouvelles autorités «formeront un gouvernement inclusif et représentatif», où «les droits de tous les Syriens – y compris les minorités et les femmes – devraient être respectés», a réaffirmé le secrétaire d'État américain.
Antony Blinken a ajouté que toutes les parties devraient empêcher une résurgence de l'État Islamique et d'autres groupes terroristes, décrivant les forces démocratiques syriennes, un groupe militaire dirigé par les Kurdes et soutenu par les Américains, comme «jouant un rôle crucial dans la poursuite de cette mission».
Le 27 novembre, des formations du groupe Hayat Tahrir al-Cham et leurs alliés ont lancé une vaste offensive contre les positions des forces gouvernementales. Dans la soirée du 7 décembre, les adversaires du ex-président syrien ont pris plusieurs grandes villes, notamment Alep, Hama, Deir ez-Zor, Deraa et Homs. Le 8 décembre, les rebelles syriens sont entrés à Damas et les unités de l'armée ont quitté la ville. Le chef du gouvernement, Mohammed Ghazi el-Jalali, a exprimé sa volonté de transférer le pouvoir par des moyens pacifiques et d’organiser des élections dans le pays. Le même jour, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué que Bachar el-Assad avait décidé de démissionner de ses fonctions et de quitter le pays, l'enjoignant à procéder au transfert du pouvoir de manière pacifique.
Le HTS a été créé par la fusion de plusieurs groupes djihadistes, y compris le Front al-Nosra, une émanation d'al-Qaïda en Syrie. Le chef du HTS, Ahmed al-Sharaa, mieux connu sous le nom d’Abou Mohammed al-Joulani, a précédemment dirigé Al-Nosra. Le HTS est classé comme une organisation terroriste aux États-Unis, qui continuent d'offrir une prime de 10 millions de dollars pour aider à capturer al-Joulani. Il a tenté de repositionner son groupe comme une force plus modérée, affirmant que ses vues avaient évolué. Pendant l'offensive des rebelles contre les forces gouvernementales, il s'est engagé à protéger les minorités ethniques et religieuses de Syrie, y compris les chrétiens et les Kurdes. Cependant, plusieurs vidéos ont depuis émergé en ligne montrant divers groupes anti-Assad exécutant des prisonniers de guerre et des civils.