La Roumanie a voté pour renouveler son parlement le 1er décembre 2024, dans un contexte marqué par une fragmentation des forces politiques et une montée en puissance des partis nationalistes. Selon les résultats préliminaires de la Commission électorale centrale, le Parti social-démocrate (PSD), actuellement au pouvoir, a obtenu environ 24 % des voix, consolidant ainsi sa première place.
Derrière lui, l'Alliance pour l'unité des Roumains (AUR), un parti conservateur d'extrême droite, a récolté près de 18 % des suffrages, doublant son score par rapport aux élections précédentes. Le Parti national libéral (PNL), de centre-droit, a obtenu environ 14 %, suivi par l'Union sauvez la Roumanie (USR) avec 11 %. D'autres partis, comme le Parti des jeunes (POT) et le parti radical SOS Roumanie, ont franchi la barre des 5 %, nécessaire pour entrer au Parlement.
Le dépouillement n'étant pas terminé, les chiffres actuels n’incluent pas encore les votes des Roumains vivant à l’étranger, qui pourraient modifier la répartition finale.
Une coalition difficile à former
Malgré sa victoire relative, le PSD pourrait se retrouver en difficulté pour former un gouvernement. Victor Negrescu, vice-président du PSD, cité par l'agence de presse russe RIA Novosti, a admis que «bien que nous soyons en tête, il n’est pas garanti que nous puissions désigner un Premier ministre. Cela dépendra des négociations et des résultats définitifs.»
Les partis d’opposition, notamment le PNL et l’AUR, ont déjà exclu de s’allier avec les sociaux-démocrates. George Simion, leader de l'AUR, a déclaré au média britannique The Guardian : «Nous n’avons aucune intention de collaborer avec le PSD. Nous sommes prêts à assumer la responsabilité de gouverner le pays.»
Cette absence de consensus pourrait prolonger l'incertitude politique. Selon l’analyste politique Radu Magdin cité par Reuters, «le PSD devra probablement chercher un compromis avec les partis centristes. Mais les négociations risquent d’être longues et complexes, en fonction de l'issue des élections présidentielles encore en cours.»
Une droite radicale en progression
La montée en puissance de l’AUR et d'autres partis nationalistes, comme SOS Roumanie, suscite de vives préoccupations. Ces formations, cumulant environ 30 % des sièges au Parlement, ont capitalisé sur un mécontentement populaire croissant face à la hausse du coût de la vie, la corruption et la gestion gouvernementale.
Selon Reuters, le président sortant, Klaus Iohannis, a mis en garde contre un basculement politique : «Le vote de dimanche décidera si la Roumanie reste un pays de liberté et d'ouverture ou sombre dans un isolement toxique», a-t-il déclaré.
L'extrême droite a également gagné en popularité en raison du conflit en Ukraine. En effet, les critiques sur le soutien de la Roumanie à Kiev et l'accueil des réfugiés ukrainiens ont alimenté une rhétorique dénonçant une priorité donnée aux étrangers au détriment des citoyens roumains.
Contexte d’élections présidentielles
Ces législatives se déroulent dans l’ombre du premier tour de l’élection présidentielle. Calin Georgescu, candidat indépendant soutenu par le camp conservateur, est arrivé en tête avec 22,9 % des voix. Il affrontera Elena Lasconi, du parti pro-européen USR, lors du second tour le 8 décembre. Georgescu, connu pour ses positions anti-européennes, représente une rupture avec la tradition pro-occidentale de la Roumanie. Sa campagne, largement diffusée sur TikTok, a bénéficié d’un écho viral.