Le parti de droite allemand Alternative pour l’Allemagne (AfD) a adopté une position résolument anti-européenne dans le projet final de son programme électoral. Selon le document cité par Der Spiegel ce 29 novembre, le parti plaide pour le retrait de l’Allemagne de l’Union européenne et son remplacement par une «communauté économique et d’intérêts» (Wirtschafts- und Interessengemeinschaft, WIG).
«Nous pensons qu’il est nécessaire de retirer l’Allemagne de l’Union européenne et de créer une nouvelle communauté européenne», indique le texte. Ce projet inclut également la sortie de la zone euro et l’introduction, si nécessaire, d’une monnaie nationale stable.
Conscient des défis qu’implique une telle transition, l’AfD précise qu’«une rupture brutale serait contre-productive». Le parti propose de négocier cette transformation avec les anciens partenaires européens afin d’atteindre un consensus. Pour ce faire, il envisage un référendum national pour modifier les articles européens de la Constitution allemande. En ce qui concerne l’euro, le programme reconnaît les coûts liés à la conversion monétaire, mais les juge inférieurs aux «coûts durables du maintien dans le système de l’euro».
Retour au commerce avec la Russie
Sur le plan international, l’AfD prône une réorientation de la politique étrangère allemande, notamment par la reprise des relations commerciales avec la Russie. «La Russie reste un fournisseur stratégique de gaz bon marché», souligne le programme, qui appelle à rétablir les importations énergétiques interrompues dans le contexte des sanctions.
L’AfD se montre également critique vis-à-vis du soutien occidental à l’Ukraine. Le document propose une solution diplomatique dans laquelle l’Ukraine deviendrait un État neutre, hors de l’OTAN et de l’Union européenne.
Des positions conservatrices sur la société et l’économie
Le programme électoral aborde également des questions sociales et économiques. L’AfD propose de limiter strictement les avortements, qui ne seraient autorisés qu’en cas d’indications médicales ou criminologiques. Le parti critique également la loi sur l’autodétermination, adoptée par le gouvernement actuel, et appelle à interdire l’utilisation de bloqueurs de puberté chez les adolescents.
Sur le plan économique, le parti souhaite déréguler davantage les cryptomonnaies, notamment le bitcoin, tout en maintenant l’argent liquide comme droit fondamental des citoyens.
Un retour à une ligne anti-européenne
Cette position marque un retour à la ligne dure anti-européenne que l’AfD avait déjà défendue lors des élections de 2021, avant de l’abandonner temporairement. En février dernier, les coprésidents du parti, Tino Chrupalla et Alice Weidel, avaient estimé qu’il était «trop tard» pour envisager une sortie de l’UE, préférant plaider pour une réforme de l’Union.