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Géorgie : Violents affrontements entre manifestants pro-UE et forces de l’ordre à Tbilissi (VIDÉOS)

La décision du gouvernement géorgien de suspendre les négociations d’adhésion à l’Union européenne a suscité des manifestations faisant plusieurs blessés dans la capitale, Tbilissi. Malgré les critiques des opposants, le gouvernement insiste sur la préservation de la souveraineté nationale face à l’ingérence étrangère.

Des milliers de manifestants se sont rassemblés dans la nuit du jeudi au vendredi 29 novembre devant le Parlement géorgien à Tbilissi, protestant contre la décision du gouvernement de suspendre les négociations d’adhésion à l’Union européenne jusqu’en 2028. Soutenus par des partis d’opposition et la présidente Salomé Zourabichvili, les manifestants ont affronté les forces de l’ordre. Les heurts ont fait plusieurs blessés.

Le ministère de l’Intérieur a rapporté que 32 policiers avaient été blessés, dont plusieurs gravement, tandis que 43 manifestants ont été arrêtés pour divers actes de violence, notamment des jets de projectiles et l’utilisation de feux d’artifice contre les forces de l’ordre. Les autorités ont utilisé des canons à eau et du gaz lacrymogène pour disperser la foule, qui avait bloqué les principales artères de la capitale. Selon les médias locaux, des provocateurs avaient tenté d’incendier des barricades. Ces actes, affirment les autorités, visent à semer le chaos et à discréditer le gouvernement tout en exerçant une pression.

Le Premier ministre Irakli Kobakhidze a justifié ce jeudi 28 novembre la suspension des négociations en dénonçant le «chantage» de Bruxelles. «La Géorgie ne cédera pas à des manipulations extérieures visant à compromettre sa souveraineté et sa stabilité», a-t-il déclaré dans une allocution. Il a également affirmé que son gouvernement restait engagé dans une intégration européenne à long terme, mais qu'il n’accepterait pas les «pressions idéologiques» de l’UE, notamment sur des questions sociétales comme les droits LGBTQ et la législation sur les ONG financées par les agents étrangers.

La présidente Salomé Zourabichvili, dont le rôle est largement symbolique, a critiqué la décision du gouvernement, la qualifiant de «coup d’État constitutionnel». Elle a exhorté les citoyens à «résister» et à défendre ce qu’elle considère comme «l’avenir européen» du pays. Toutefois, ses propos ont été dénoncés par les partisans du gouvernement comme une tentative d’attiser les tensions internes sous l’influence de forces étrangères.

Face aux critiques occidentales, le Premier ministre Kobakhidze a réaffirmé que la Géorgie était souveraine dans ses décisions. Il a également annoncé que le pays refuserait toute aide budgétaire de l’UE jusqu’en 2028, déclarant que cette dépendance financière avait été utilisée comme levier politique contre Tbilissi.

Le président russe Vladimir Poutine avait déjà salué la position de la Géorgie, la qualifiant de «démarche courageuse pour protéger son indépendance face à l’influence étrangère». Une prise de position largement approuvée par les membres du parti au pouvoir, «Rêve géorgien», qui estiment que la Géorgie doit préserver sa neutralité stratégique tout en développant des relations équilibrées avec ses voisins, y compris la Russie.