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Troubles en Abkhazie : la patrie «est en danger», avertit le président Bjania

Le président de la République d'Abkhazie, Aslan Bjania, a qualifié les événements survenus dans le pays de tentative de coup d'État. Celui-ci accepte de quitter le pouvoir, mais uniquement si les manifestants se retirent du Parlement, ce qu'ils refusent, promettant de créer un «gouvernement provisoire» s'il ne renonce pas à la présidence.

Dialogue de sourds en Abkhazie entre le président et les manifestants qui réclament sa démission. Aslan Bjania accepte de démissionner si l'opposition quitte les bâtiments gouvernementaux qu’ils ont investis depuis deux jours, mais ceux-ci ont rejeté cet appel brandissant la menace de constituer un «gouvernement provisoire» dès ce 17 novembre au soir s'il ne renonce pas à la présidence.

«Nos exigences restent inchangées. Aslan Bjania doit démissionner», a déclaré Adgur Ardzinba, président de l'organisation «Mouvement populaire abkhaze», cité ce 17 novembre par RIA Novosti.

«Je ne veux pas que les gens pensent que je m’accroche au pouvoir. Nous devons plutôt trouver une solution constitutionnelle. Si nous ne respectons pas la Constitution, notre pays ne survivra pas», a pour sa part déclaré le président, s'adressant à ses partisans près d'un bâtiment scolaire à Tamysh, son village natal, où il s'est réfugié.

«Ceux qui ont pris le contrôle, ceux qui ont tenté un coup d’État, doivent quitter les lieux. Après cela, je serai prêt à convoquer des élections et à démissionner. Le vice-président dirigera le pays et j’organiserai des élections», a-t-il poursuivi.

«C'est maintenant que nous devons prendre soin de notre pays, de notre patrie. Elle est en danger. Et notre patrie se trouve dans une situation si difficile en raison des actions de personnes qui ont tenté un coup d'État. Il n'est pas trop tard pour tout reconquérir», avait-il déclaré dans une interview accordée le 16 novembre à l'agence Apsnypress. 

Dans celle-ci, le chef d'État s'était également adressé à ses concitoyens, les exhortant à ne pas participer aux rassemblements non autorisés. Selon lui, les élections présidentielles pourraient être le moyen de sortir de la crise.

«Les partis se réfèrent constamment à l'opinion du peuple, disant qu'ils ont le soutien de nos concitoyens. La vraie mesure dans cette affaire, c'est l'élection. Les élections montreront qui le peuple multinational d'Abkhazie veut comme président», a conclu Aslan Bjania.

Le Parlement pris d'assaut par les manifestants

La confrontation entre les autorités et l'opposition en Abkhazie a commencé au sujet d'un accord intergouvernemental avec la Russie sur les investissements. Les manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment de l'organe législatif et ont annoncé qu'ils ne partiraient pas tant que le Parlement n'aurait pas définitivement écarté cet accord.

Des affrontements ont alors éclaté entre les forces de sécurité et les manifestants. Les partisans de l'opposition ont fini par prendre d'assaut le Parlement et un bâtiment de l'administration présidentielle. Les manifestants ont également exigé la démission du président Bjania.

Au-delà de potentielles hausses de prix du foncier, les détracteurs du texte y voient notamment un risque que de puissants hommes d’affaires fassent main basse sur les terres de cette petite république.

Pour Aslan Bjania, cet accord est au contraire une opportunité de développer ce territoire qui a déclaré son indépendance de la Géorgie.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré le 15 novembre que la Russie suivait «avec inquiétude» les événements, déclarant espérer que cette situation soit résolue «exclusivement par des moyens politiques pacifiques».