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La Pologne mécontente de la «mémoire courte» de Kiev

Wladislav Kosiniak-Kamysz, vice-Premier ministre polonais, reproche leur «courte mémoire» aux autorités ukrainiennes qui, selon lui, ont oublié l'aide polonaise apportée dès le début du conflit en 2022. Il a souligné que la sécurité polonaise primait, malgré les appels de Zelensky à un soutien accru.

Les autorités ukrainiennes ont la «mémoire courte» car elles semblent oublier l'aide que la Pologne leur a apportée dès le début de l'opération militaire russe en février 2022. C'est ce qu'a déclaré le vice-Premier ministre et ministre polonais de la Défense, Wladislav Kosiniak-Kamysz, lors d'une interview accordée à la chaîne polonaise TVN24.

«Leur mémoire est courte, car s'il n'y avait pas eu l'aide polonaise dans les premiers mois de la guerre […], il n'y aurait pas eu d'équipement militaire ni d'aide humanitaire. Tant l'Ukraine que son président Zelensky ont la mémoire courte. Je comprends ses émotions, je comprends la situation dans laquelle il se trouve. Mais on ne peut pas dire que la Pologne ne fait pas tout ce qui est possible. La Pologne a fait et continue de faire tout ce qui est possible. Mais il y a une limite que je ne franchirai jamais», a déclaré le ministre polonais.

D'après lui, Volodymyr Zelensky, homme politique ukrainien dont le mandat a pris fin en mai 2024, leur demande de venir combattre avec eux et cet «appel» concerne pas que la Pologne. Néanmoins, comme l'a souligné Kosiniak-Kamysz, si c'est le rôle de Zelensky de faire de telles demandes, leur rôle à eux est de reconnaître qu'il existe des limites que les Polonais ne peuvent pas franchir.

«Mais il y a une limite que je ne franchirai jamais. La limite de l'assistance à l'Ukraine est la question de la sécurité polonaise. Si le transfert d'un équipement quelconque met en danger la sécurité de l'État polonais, je ne remettrai tout simplement pas cet équipement. Et il n'y a aucune force qui puisse me contraindre à le faire», a déclaré le ministre de la Défense nationale lors de l'émission «Kropka nad i» sur la chaîne polonaise TVN24.

Discorde entre la Pologne et l'Ukraine

Le 31 octobre, Zelensky, lors d'une réunion avec les chefs des communautés territoriales et des districts de la région de Transcarpatie, a reproché à la Pologne de ne pas vouloir livrer à Kiev les chasseurs MiG-29 promis, malgré les accords préliminaires. En outre, il a accusé les «alliés» occidentaux de ne pas vouloir intercepter les missiles russes au-dessus de l'Ukraine.

Ce n'est pas la première fois que des divergences apparaissent entre l'Ukraine et la Pologne. Dès le printemps 2023, les agriculteurs polonais ont commencé à manifester, exigeant la limitation ou l'interdiction totale des importations de produits agricoles ukrainiens pour soutenir l'élevage national. Ces manifestations, qui se sont étalées sur plusieurs mois, ont repris en 2024 et ont inclus des blocages de routes autour des grandes villes et aux passages frontaliers avec l'Ukraine.

De plus, Radoslaw Sikorski, ministre polonais des Affaires étrangères, au début du mois de novembre de cette année, a exprimé sa déception quant à l'absence de progrès dans le dossier de l'exhumation des victimes du massacre de Volhynie, une série de violences perpétrées en 1943 par l’Armée insurrectionnelle ukrainienne. Ce groupe militaire collaborant avec les nazis et opposé au pouvoir soviétique avait massacré des dizaines de milliers de Polonais, majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Selon les données polonaises, l'aide totale de Varsovie à Kiev depuis le début du conflit militaire en Ukraine a représenté 4,9% du PIB de la République, soit 100 milliards de zlotys (environ 26 milliards de dollars). Ce montant comprend l'aide humanitaire et les livraisons militaires, qui ont atteint 5 milliards de dollars.

La Russie condamne toute aide à l'Ukraine de la part de pays tiers. Moscou souligne que de telles actions ne feront qu'exacerber et prolonger le conflit.