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Liberté de religion en Ukraine : Human Right Watch tire la sonnette d’alarme

L'ONG Human Rights Watch a publié un communiqué dans lequel elle se déclare «préoccupée» par la nouvelle loi ukrainienne ouvrant la voie à l'interdiction de l'Église orthodoxe ukrainienne (UOC). Une loi qui «porte atteinte au droit à la liberté de religion» et pourrait, selon l’ONG,«violer les droits des membres de l’Église orthodoxe ukrainienne».

Le 30 octobre, l'ONG de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a fait part de ses inquiétudes quant «aux lourdes conséquences sur le droit des Ukrainiens à la liberté de religion» que pourrait avoir la loi ukrainienne ouvrant la voie à l'interdiction de l'Église orthodoxe ukrainienne (UOC).

«Les autorités ukrainiennes veulent, et c'est compréhensible, répondre aux préoccupations en matière de sécurité de l'État. Mais la loi viole le droit à la liberté de religion et est si large qu'elle pourrait violer les droits des partisans de l'Église orthodoxe ukrainienne», a déclaré Hugh Williamson, directeur pour l'Europe et l'Asie centrale à HRW.

Kiev est ainsi invitée à «suspendre l'application de la loi et à faire appel» à la Commission de Venise et au Bureau des institutions démocratiques et des droits de l'Homme de l'OSCE «pour demander une analyse experte de la loi, qui servira de base à sa révision dans le respect des droits de l'Homme».

Préoccupations en dehors de l'Ukraine

Le 23 septembre, ce texte de loi qui pourrait, à terme, purement et simplement interdire l'UOC, est entré en vigueur. Il avait été promulgué, fin août, par Volodymyr Zelensky après son adoption par la Rada.

Ce texte a suscité des réactions négatives, au delà des frontières ukrainiennes. Il a notamment été condamné par la plus ancienne Église orthodoxe, le patriarcat de Jérusalem, selon une déclaration publiée début septembre sur son site officiel. «Une telle punition totale d'innombrables hommes et femmes fidèles ne favorise pas l'unité et n'est pas propice à la paix», stipule le communiqué.

Fin août, au lendemain de la promulgation de la loi par Zelensky, c'est le pape François qui le condamnait, fustigeant une tentative de «détruire l'orthodoxie canonique». «S'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît, n'abolissez pas directement ou indirectement l'Église chrétienne», avait imploré le souverain pontife.

Le Conseil œcuménique des Églises a également exhorté les autorités ukrainiennes à faire preuve de prudence en prenant «des mesures qui violent le droit fondamental à la liberté de religion et de croyance et qui pourraient nuire à la cohésion sociale pendant l'état d'urgence du pays», a rapporté le portail d'information Orthodok Times.

Bien que l'UOC ait déclaré son indépendance du Patriarcat de Moscou à la fin du mois de mai 2022, la pression des autorités ukrainiennes sur les paroissiens et les prêtres de l'UOC s'est poursuivie.