L'article du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) révèle qu'une barrière linguistique aurait posé problème lors des pourparlers entre l'Ukraine et les États-Unis.
Selon FAZ, Volodymyr Zelensky, dont le mandat présidentiel a expiré en mai 2024, et son chef de cabinet, Andriï Yermak, s'expriment souvent en anglais lors des négociations sans laisser de temps pour une traduction. Cependant, le niveau d'anglais de Zelensky est «moyen», et celui de Yermak est «très faible», ce qui laisse souvent les Américains incertains quant à leur compréhension réelle. De plus, dans les discussions entre les Ukrainiens et les Américains, un jeu de «poker face» se dessine : chaque partie attend que l'autre prenne l'initiative.
La question des concessions territoriales
Toujours selon FAZ, lors des négociations, l'ancien acteur aurait laissé entendre aux Américains qu'en échange de concessions territoriales à la Russie, Kiev attendrait plus que de vagues garanties de sécurité et a annoncé qu'il «exige une adhésion pleine et entière à l’OTAN», mais ce n'est pas tout...
Comme le rapporte l'édition allemande, сes réflexions ont été rendues publiques en été 2023, lorsqu'Andriï Yermak et l’ancien secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen ont évoqué le modèle de l’Allemagne et de la division du pays après la Seconde Guerre mondiale. Rasmussen avait alors déclaré que l’intégration de l’Allemagne à l’OTAN avait aussi concerné uniquement la partie occidentale. «Cette approche pourrait être appliquée à l’Ukraine». Une décision pourrait ainsi être prise pour que l'article de défense collective ne couvre que les zones sous contrôle du gouvernement de Kiev. Bien que cette solution soit complexe en raison des déplacements constants de la ligne de front, «elle reste envisageable».
Comme le souligne FAZ, Zelensky espèrerait une offre américaine pour placer les territoires contrôlés par Kiev sous la protection de l’article 5 de l’OTAN, avec une zone tampon de 50 kilomètres le long de la ligne de front. En échange, il s'engagerait à ne pas reconquérir les zones sous contrôle russe par la force.
Cependant, comme l’explique Frankfurter Allgemeine Zeitung, les Ukrainiens préfèrent que cette proposition vienne des États-Unis pour éviter des protestations internes et un possible ralentissement des livraisons d'armes occidentales. Les Américains, quant à eux, souhaiteraient que l'initiative vienne de Kiev pour que la décision paraisse pleinement ukrainienne et éviter ainsi d'être accusés d'imposer quoi que ce soit à l'Ukraine.
Un nouveau modèle d'invitation à l'OTAN
En ce qui concerne l'invitation de l'Ukraine à l'OTAN, d'après FAZ, certains observateurs ukrainiens noteraient que le gouvernement américain pourrait revoir la définition même du terme «invitation» : «Ce qui est actuellement en discussion aux États-Unis pourrait différer de l’invitation au sens traditionnel» et «il est possible que le terme soit modifié pour signifier davantage une déclaration politique qu'une véritable invitation». Le quotidien allemand ajoute : «Bien entendu, tous ces plans seraient annulés si Donald Trump devenait président».
Toujours selon la même source, les experts ukrainiens reconnaitraient également que l'influence de Joe Biden diminue de plus en plus à l'approche de la fin de son mandat : «Les diplomates américains comprennent bien que l'affaiblissement de l'influence politique de Biden pose problème, car cela complique sa capacité à motiver les alliés, en particulier ceux qui hésitent à propos de l'invitation de l'Ukraine». L'Allemagne, dans ce contexte, s'avère être le partenaire le plus difficile, encore plus que la Hongrie ou la Turquie.
La Russie, quant à elle, trouve inacceptable l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, le président russe Vladimir Poutine ayant déclaré que le désir de Kiev de rejoindre l'alliance était l'une des raisons du conflit armé en cours. La Russie insiste pour que l'Ukraine maintienne un statut de non-alignement.