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Une tradition rompue : des médias américains se retirent du jeu électoral

Pour la première fois depuis des décennies, des grands médias américains comme le Washington Post et USA Today ont décidé de ne soutenir aucun candidat à l’élection présidentielle de 2024. Cette prise de distance révèle des tensions internes et reflète un climat politique particulièrement polarisé.

Depuis plusieurs semaines, les médias américains abandonnent la tradition de soutenir un candidat à la Maison-Blanche. Cette campagne électorale, marquée par une forte polarisation, place les rédactions face à un dilemme : soutenir un candidat, au risque d’être perçus comme biaisés, ou se retirer pour préserver une neutralité fragile. Des journaux influents, tels que le Washington Post et USA Today, ont surpris leurs lecteurs en annonçant leur retrait du jeu politique, invoquant un retour aux valeurs d'indépendance journalistique.

Le Washington Post a choisi de ne soutenir aucun candidat pour la première fois en 30 ans. Cette décision a provoqué une onde de choc: selon National Public Radio (NPR), le journal a perdu 200 000 abonnés en quatre jours, soit 8 % de son lectorat. Marcus Brauchli, ancien Rédacteur en chef, a qualifié cette perte de «colossale». Le PDG du quotidien Will Lewis a expliqué que ce choix visait à «revenir aux racines» du journal, rappelant son engagement historique en faveur de l’indépendance éditoriale. Jeff Bezos, propriétaire du Washington Post, aurait bloqué un éventuel soutien à Kamala Harris. À la suite de quoi plusieurs chroniqueurs auraient démissionné, reflétant les tensions internes causées par cette décision.

D'autres journaux ont emboîté le pas. USA Today a annoncé qu’il resterait neutre. En 2020, le quotidien avait soutenu Joe Biden en louant sa capacité à restaurer la stabilité. Cette année, il affirme vouloir se concentrer sur une information factuelle «permettant aux lecteurs de prendre des décisions éclairées». Le Los Angeles Times a également renoncé à soutenir Harris, une décision qui a conduit à la démission de trois membres de son comité éditorial.

En revanche, le New York Times reste fidèle à sa tradition. En septembre, il a soutenu Harris, la qualifiant de «seul choix patriotique» et jugeant Trump «inapte à exercer la présidence».

«Indépendance» des médias ou journalisme «biaisé»?

Cette rupture avec la tradition a attiré l’attention à l’international. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a déclaré: «Cette fois-ci, ils ne peuvent soutenir personne, car tous deux sont étiquetés ‘russes’». La diplomate a également critiqué la presse américaine en se demandant «pourquoi, dans une société démocratique, des organes de presse indépendants prêteraient-ils allégeance à un candidat plutôt qu’au président en exercice? Ne s'agit-il pas d'un journalisme biaisé et d’une influence sur le public sous couvert de pluralité d’opinion?»

L'abandon de ce soutien officiel reflète une mutation profonde du rôle des médias américains. Alors que certains y voient un retour à l’impartialité, d’autres dénoncent une tentative d’éviter des conflits internes.