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Crise post-électorale en Géorgie : entre accusations d’ingérence et aspirations européennes

Les élections législatives en Géorgie ont provoqué une crise politique majeure. La présidente Salomé Zourabichvili a refusé de reconnaître les résultats, dénonçant une interférence de la Russie sur le scrutin. Une prise de position qui a suscité la critique de différentes personnalités politiques à Moscou.

Le climat politique en Géorgie est sous haute tension après l’annonce des résultats des élections législatives ce 27 octobre par la Commission électorale centrale (CEC). Selon la CEC, le parti au pouvoir Rêve géorgien a remporté 54,08 % des voix, obtenant ainsi 89 des 150 sièges au Parlement. Cependant, cette victoire n’atteint pas la majorité constitutionnelle, et l’opposition, menée par des partis pro-européens, a catégoriquement rejeté le scrutin, dénonçant un «coup d'État constitutionnel» et un «vol des élections».

La situation s’est envenimée avec l’appel de la présidente géorgienne à contester les résultats dans la rue, renforçant les divisions internes. Salomé Zourabichvili a justifié son refus de reconnaître le résultat en affirmant que «la reconnaissance de ces élections signifie la subordination de la Géorgie à la Russie». Elle a aussi exhorté les citoyens à participer aux manifestations afin de «protéger l’avenir européen du pays».

Ces propos lui ont valu une réponse de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères qui accuse Zourabichvili de saper les relations entre la Géorgie et la Russie. Sur Telegram, Maria Zakharova écrit : «Pourquoi l'avenir de la Géorgie serait-il pire que celui de l'Europe ? La Géorgie, je le lui rappelle à elle, une citoyenne française, est plus ancienne que la France.» Cette déclaration, teintée d'ironie, vise directement les origines franco-géorgiennes de la présidente.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a également réagi, affirmant que la Russie n’avait « pas l’intention d’interférer dans les affaires intérieures » de la Géorgie. Il est important que «les pays tiers n'interfèrent pas dans les résultats, qui doivent rester le choix du peuple géorgien», a-t-il insisté.

Des inquiétudes se sont aussi manifestées ailleurs dans le monde. Les États-Unis et l'Union européenne ont appelé à une enquête approfondie sur des irrégularités électorales supposées. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a parlé de cas de corruption des électeurs, tandis que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dénonçait des violations du secret du vote.

Malgré les protestations de l'opposition, le président du Parlement géorgien, Chalva Papouachvili, a déclaré que le Parlement resterait légitime même si l'opposition refuse d'occuper ses sièges. Selon Papouachvili, le refus de l’opposition n'entamera pas la validité de la nouvelle législature, consolidant ainsi la position du parti au pouvoir.

Ces critiques renforcent les craintes de crise politique prolongée dans ce pays du Caucase où la fracture sociétale semble profonde, tandis que le bras de fer entre l'opposition et le pouvoir menace de plonger le pays dans une crise institutionnelle.