Des représentants du Pentagone ont admis qu'ils ne pouvaient pas fournir aux autorités ukrainiennes des quantités importantes de certains types d'armes en raison du déclin de la capacité de défense des États-Unis.
C'est ce qu'a rapporté le New York Times (NYT) le 17 octobre, citant des responsables militaires. Selon la publication, les États-Unis ne peuvent plus se permettre d'importantes livraisons d'armements à l'Ukraine, qui risqueraient de mettre en péril leurs propres capacités militaires.
Il s'agit notamment des batteries anti-aériennes Patriot, demandées par Kiev afin de protéger ses infrastructures énergétiques. Mais leur fourniture à Kiev aurait «un prix» côté américain, selon le NYT qui précise, évoquant des propos de Christine Wormuth, secrétaire de l'Armée de terre des États-Unis, que «les déploiements constants menacent d'épuiser les équipages qui exploitent les systèmes et empêchent l'armée de les ramener à la maison pour des révisions périodiques afin de mettre à niveau leur technologie».
Autre armement particulièrement plébiscité par Kiev : les missiles à longue portée ATACMS et les lance-roquettes multiples HIMARS capables de les tirer.
Le Pentagone tourne ses regards vers l'Asie
Ces livraisons pourraient mettre à mal l'état de préparation au combat des forces américaines. «La rareté relative des ATACMS de fabrication américaine est l'une des raisons pour lesquelles le président Biden a refusé les demandes de l'Ukraine d'utiliser cette arme pour frapper en profondeur la Russie», a rapporté le NYT.
«Les responsables du Pentagone affirment qu'ils ne peuvent tout simplement pas en fournir davantage à l'Ukraine sans puiser dans les stocks réservés aux troupes américaines en cas de conflits au Moyen-Orient et en Asie», a ajouté le quotidien américain.
En outre, ces responsables craignent que l'engagement des États-Unis dans les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient ne détourne les ressources de la région du Pacifique, vers laquelle, selon la publication, «l'armée tente de déplacer une grande partie de son attention».
«Si la dissuasion ne fonctionne pas, nous devrons nous battre», a déclaré Seth G. Jones, premier vice-président du Centre for Strategic and International Studies, ajoutant que les États-Unis «agissent comme s'ils étaient en temps de paix, mais ce n'est pas le cas».
«Voilà pourquoi les Américains détestent tant leur gouvernement»
Le 16 octobre, le président américain Joe Biden a annoncé une nouvelle aide militaire de 425 millions de dollars à Volodymyr Zelensky. Dans un communiqué de presse, la Maison Blanche précise que cette aide comprenait «des capacités supplémentaires de défense aérienne, des munitions air-sol, des véhicules blindés et des munitions essentielles.»
Cette annonce a suscité des réactions mitigées. «C’est pour cela que le peuple américain déteste tant le gouvernement», a notamment réagi sur le réseau social X la représentante républicaine de Géorgie, Marjorie Taylor Greene.
«Les Américains peuvent à peine obtenir 750 misérables dollars après l'ouragan Helene, et ce dernier mondialiste américain rédige un autre chèque à l'Ukraine pour 425 millions de dollars», a-t-elle ajouté, fustigeant un type d'annonce qui, selon elle, fait «naître chez les Américains un véritable ressentiment envers l’Ukraine».
Plus de deux ans et demi après l’éclatement du conflit entre l’Ukraine et la Russie, Washington demeure le premier soutien militaire de Kiev. Selon le décompte du Kiel Institute, un think tank allemand, le montant des engagements et des fournitures d’armements des États-Unis entre le 24 janvier 2022 et le 30 juin 2024 s’élève à 51,58 milliards d’euros, soit plus que le soutien fourni par toute l’Europe.