Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, s'apprêterait à offrir un «cadeau politique majeur» à son «ami» l'ancien président des États-Unis, Donald Trump, en «perturbant» un prêt de 35 milliards d’euros que les États-Unis, l'Union européenne (UE) et les dirigeants du G7 ont proposé à l'Ukraine, rapporte le journal américain Politico.
Grâce à Orban, il serait «peu probable» que les États-Unis participent de manière significative à ce prêt, expliquent des diplomates cités par Politico, même si l’UE a tout de même de «fortes chances» d’aller de l’avant pour continuer à financer Kiev.
En effet, la Hongrie, qui assume depuis juillet la présidence semestrielle tournante du Conseil de l’UE sous la houlette de son Premier ministre Viktor Orban, a déclaré qu'elle n'accepterait pas un «changement des règles» qui permettrait à Washington de jouer un rôle majeur dans le prêt avant les élections américaines.
Si Bruxelles et Washington souscrivent conjointement ce prêt de 35 milliards d’euros, un Trump réélu serait tenu d’en assurer le remboursement pendant des années. Mais si le prêt est approuvé sans l’aide des États-Unis, il n’aura plus cette obligation.
Cela permettrait à Trump, explique Politico, de confirmer auprès des électeurs républicains que, s'il était élu, il ne donnerait «pas un centime» à l'Ukraine, l’une des promesses phares de sa campagne électorale.
Le blocage du prêt par Orban est le dernier exemple du rapprochement entre Trump et le Premier ministre hongrois, qui s’étaient rencontrés en juillet dernier à Mar-a-Lago. Plus récemment, Orban avait déclaré qu'il ferait sauter «plusieurs bouteilles de champagne» si Trump l'emportait sur Kamala Harris en novembre.
«Briser l’unité transatlantique»
Dans le détail, Politico explique que le prêt serait entièrement remboursé grâce aux bénéfices générés par plus de 250 milliards de dollars d'actifs russes immobilisés dans les pays occidentaux, en guise de sanctions contre Moscou.
Mais selon les règles actuelles, les sanctions de l'UE doivent être renouvelées tous les six mois, ce qui augmente la probabilité qu'un seul pays puisse débloquer les avoirs et obligerait les gouvernements européens à puiser dans l'argent des contribuables pour rembourser le prêt.
Alors que tous les autres dirigeants sont favorables à une prolongation de la période de validité des sanctions à 36 mois, Viktor Orban refuse. Selon les règles de l'UE, toute modification des sanctions doit être approuvée par les 27 pays membres.
Ce qui semble être une simple «querelle technique» pourrait suffire à «briser l’unité transatlantique» sur le soutien à l’Ukraine, du moins sur le plan financier, ont déclaré des diplomates cités par Politico.
Pour l’instant, tous les regards sont tournés vers le sommet des dirigeants européens qui se tient cette semaine à Bruxelles, au moment où Orban refuse de bouger sur la durée des sanctions et menace d'utiliser à nouveau son veto.
La Hongrie bloque régulièrement les décisions européennes sur l’aide financière et militaire de l’UE au régime de Kiev. En raison du veto persistant de Budapest, cette aide est constamment perturbée, toutes les décisions de politique étrangère au sein de l'UE étant prises à l'unanimité.
Politique belliqueuse de l’Occident
Selon Viktor Orban, les pays de l'UE sont en partie responsables de la poursuite des hostilités. Le dirigeant hongrois a souligné à maintes reprises la supériorité russe sur le champ de bataille, jugeant nécessaire pour l'Occident de passer «d’une politique de guerre à une politique de paix».
En juillet dernier, le Premier ministre hongrois avait mené tambour battant une tournée internationale pour dessiner les contours d’une paix en Ukraine. Une attitude vivement critiquée du côté de Bruxelles.
Viktor Orban a même proposé un plan de paix, annonçant le 15 juillet, l’avoir déposé «sur le bureau de chaque Premier ministre de l’UE». Un plan visiblement ignoré par les dirigeants européens. «Les Européens et l’actuelle administration américaine votent pour la poursuite de la guerre», avait alors fustigé Orban.