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Le roi saoudien Abdallah est mort

Le roi d’Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud a succombé d’une pneumonie à l’hôpital où il était soigné depuis plusieurs semaines. Le nouveau roi sera son demi-frère Salmane, dont la santé est souvent présentée comme fragile.

«  Sa Majesté Salmane ben Abdelaziz al-Saoud, tous les membre de la famille royale et la nation toute entière déplorent la mort du Roi Abdallah ben Abdelaziz, Gardien des deux saintes mosquées, qui est décédé à une heure ce matin », a déclaré à la télévision saoudienne le successeur au trône.

Immédiatement, Salmane a nommé un nouveau prince héritier en la personne de son demi-frère Muqrine.

 

Des rumeurs contradictoires sur l’état de santé du roi Abdallah couraient sur les réseaux sociaux. La télévision saoudienne a finalement coupé court aux bavardages en transmettant une récitation des vers du Coran tôt dans la matinée, honneur accordée traditionnellement au roi défunt, a rapporté Reuters.

Le roi Abdallah est resté à l’hôpital pendant plusieurs semaines, il souffrait d’une pneumonie et avait besoin de respirer par un tube.

Le président des Etats-Unis Barack Obama a adressé ses condoléances à la famille royale saoudienne et a salué « la conviction constante et passionnée » qu’avait Abdallah de « l’importance des relations américano-saoudiennes comme facteur de stabilisation et de sécurité au Moyen Orient et dans d’autres parties du monde. »

Entre-temps, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a avancé son départ du Forum économique de Davos en Suisse pour aller rendre hommage au défunt monarque.

Quand il a accédé officiellement au trône en 2006, Abdallah gouvernait déjà le pays depuis plus de dix ans en tant que régent, son prédecesseur ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC).

L’âge du roi n’était pas officiellement connu, il serait né en août 1924 selon certaines estimations. Abdallah, d’après Associated Press, a eu 30 enfants d’environ 12 femmes.

Le nouveau dirigeant du premier pays exportateur de pétrole serait âgé de 79 ans. Le roi Salmane a été nommé prince héritier en 2012 et placé à la tête du Ministère de la Défense la même année. Il a été pendant 50 ans gouverneur de la province de Riyad.

Abdallah était un allié fidèle des Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda et un rival invétéré de l’Iran shiite. Pendant son règne, les rebelles syriens ont été fortement soutenus par le royaume du Golfe dans le but de renverser le président syrien Bashar el- Assad. Le roi saoudien a été le premier chef d’Etat à reconnaître officiellement le gouvernement par intérim d’Egypte issu du coup d’Etat militaire de juin 2013 qui a mis fin au régime de Mohamed Morsi.

Le roi Abdallah a effectué quelques réformes cosmétiques dans le domaine des droits des femmes et a quelque peu libéralisé l’économie tout en s’abstenant de toucher au système politique du pays. Le roi Salmane, qui est réputé appartenir aux mêmes cercles de pouvoir, n’est pas vu non plus comme un ardent réformateur.

Malgré les réformes d’Abdallah, les femmes saoudiennes n’ont toujours pas le droit de conduire et ont besoin de l’autorisation de leur mari pour travailler, sortir du pays, ouvrir un compte en banque et même parfois pour se faire opérer. Sous Abdallah, le pays est resté une monarchie absolue qui applique strictement la charia et pratique des peines allant jusqu’à la décapitation en public.

Les Etats-Unis, qui sont prompts à condamner des violations des droits de l’homme dans d’autres pays, préfèrent fermer les yeux sur la situation en Arabie Saoudite. Le gouvernement américain a choisi de classifier 28 pages du rapport de la commission paritaire du Congrès sur les attentats du 11 septembre dans lequel le gouvernement saoudien était identifié comme une des sources de financement des attaques. Récemment, le Département d’Etat a dû subir les foudres des médias lorsqu’il s’est contenté d’exprimer verbalement son désaccord avec la condamnation du bloggeur saoudien Raïf Badawi à 1000 coups de fouet pour critique de l’islam.

Abdallah a exprimé à plusieurs reprises son scepticisme par rapport au mouvement du Printemps arabe, redoutant des troubles dans la région qui profiteraient à l’Iran ou à Al-Qaïda. Les dépenses sociales consenties pour minimiser le mouvement en Arabie saoudite ont coûté près de 100 milliards de dollars à l’Etat.

Tous les mouvements de contestation observés récemment se sont terminés par la prison pour leurs principaux protagonistes. La manière dont l’Etat pétrolier réagit à la contestation a suscité une forte préoccupation dans les organisations de droits de l’homme.