«Ce conflit est assurément noir et blanc, il s'agit du bien contre le mal» : tels étaient les propos tenus en juin 2022 par Ryan Wesley Routh auprès de Newsweek Romania. Une interview qui fait le tour des médias, depuis que Donald Trump a été la cible d’une nouvelle tentative d’assassinat et que Ryan Routh, arrêté dans la foulée, fait figure de principal suspect.
Le 15 septembre, le Secret service ouvre le feu : un des agents a en effet aperçu le canon d’une arme dépassant d’un buisson aux abords du parcours de golf sur lequel évoluait Donald Trump à West Palm Beach. Un fusil d’assaut AK-47 équipé d’une lunette de visée et une caméra GoPro ont été retrouvés dans cette cache. Ryan Routh a été interpellé peu de temps après, un témoin ayant photographié la plaque minéralogique du véhicule dans laquelle un homme en noir avait pris la fuite après avoir surgi des buissons.
Dans cette interview, Routh est présenté comme «un recruteur américain» de la Légion internationale ukrainienne. Quelques mois plus tard, en mars 2023, le média Semafor se référait à lui comme «un recruteur ukrainien clé» dans un article concernant «des centaines voire des milliers» de combattants afghans formés par les États-Unis qui cherchaient à aller se battre en Ukraine. Semafor l’introduisait alors comme le «directeur du Centre international des volontaires en Ukraine, une organisation privée aidant les étrangers désireux de participer à l’effort de guerre à entrer en contact avec des unités militaires et des groupes d’aide».
Un intervenant «un peu excessif», se démarque un média l’ayant interviewé
Une étiquette que le média en ligne ne semble plus vraiment assumer. «Lorsque Semafor lui a parlé, Routh faisait partie d'une vague de volontaires américains en Ukraine, directeur autoproclamé d'un groupe qu'il avait lancé», écrivent ce 16 septembre le rédacteur en chef de Semafor et la rédactrice de l’enquête d’alors, publiant des propos que cette dernière n’avait visiblement pas jugé bon d’évoquer un an et demi plus tôt.
Le dépeignant comme «un peu excessif», «même selon les critères de cette période frénétique», le média souligne que cet intervenant était «frustré» par le fait que le gouvernement ukrainien n’aurait pas accédé à sa demande.
Le ton est également au désaveu sur X (ex-Twitter), où des profils pro-ukrainiens mettent en avant les affirmations d’un individu se présentant comme un ancien membre de la Légion internationale qui mettait en garde fin juin contre Ryan Routh, assurant lui avoir répété à plusieurs reprises qu’il «n’aidait pas» cette unité à la création de laquelle Volodymyr Zelensky avait appelé dès le 24 février 2022.
Du côté de CNN, qui a identifié Routh avec Fox News et le New York Times, on souligne que dans l’un de ses messages remontant à juin 2020 le suspect déclarait que Trump avait été son «choix» en 2016 [année de l’élection de Donald Trump, ndlr]. Du côté du New York Post, en revanche, on souligne que ce sont les démocrates qui depuis 2019 ont exclusivement profité de ses 19 dons.
À Kiev en avril 2022, il manifeste en soutien aux combattants piégés à Azovstal
Le New York Time présente un individu ayant «un penchant pour la rhétorique violente», épinglant un Tweet dans lequel il affirmait être «prêt à prendre l’avion pour Cracovie» et à se «porter volontaire, combattre et mourir» en Ukraine. CBS a dépeint Routh comme un «soutien passionné» de l’Ukraine. Les enquêteurs s'attendraient, selon CNN, à ce que la justice exige «une évaluation de la santé mentale».
Les médias français ne sont pas en reste. Une agence de presse tricolore a rapporté ce 16 septembre avoir interviewé Routh «fin avril» 2022 à Kiev, alors qu’il participait à une manifestation en soutien aux dernières forces ukrainiennes à Marioupol assiégées dans le complexe métallurgique d’Azovstal. Parmi elles étaient présents les combattants du bataillon ultranationaliste Azov. Au micro de l’agence française, relate-t-elle, Routh avait enjoint à ce que «tout le monde, dans le monde entier, arrête ce qu’il fait et vienne ici maintenant».
Il s’agit de la deuxième tentative d’assassinat visant le 45e président des États-Unis, candidat républicain à la Maison Blanche. Le 13 juillet, lors d’un rassemblement à Butler, en Pennsylvanie, Donald Trump avait été la cible d’un tireur. Ce dernier, Thomas Crooks, âgé de 20 ans, avait été abattu par un tireur d'élite des services secrets. Trump, alors sur l’estrade, avait été touché à l’oreille pour l’un des projectiles. Un membre du public avait été tué et deux autres grièvement blessés.