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Ukraine : colère contre la Défense après une frappe russe sur un institut militaire à Poltava

La Défense russe a annoncé ce 4 septembre avoir effectué une «frappe de haute précision» à Poltava, où l'Institut des communications militaires a été partiellement détruit. Cette frappe, qui a eu lieu la veille, a provoqué la colère d'observateurs ukrainiens qui pointent du doigt l'incurie de la Défense ukrainienne.

«Aujourd'hui, j'ai tenu une réunion de l'état-major au cours de laquelle nous avons eu des discussions substantielles sur l'utilisation des systèmes de défense aérienne», a déclaré le 3 septembre Volodymyr Zelensky, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, quelques heures après une frappe russe contre l'Institut des communications militaires de Poltava. 

Lors de cette intervention, le président ukrainien s'est longuement épanché sur les difficultés qu’éprouve Kiev en matière de défense aérienne. Une demande appuyée par son ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba qui s’est exprimé ce 4 septembre sur X (ex-Twitter), exhortant les «partenaires de l’Ukraine» à «livrer rapidement les systèmes de défense aérienne et les munitions promis» et à «renforcer les capacités de défense» du pays.

Le chef de la diplomatie ukrainienne en a profité pour réitérer sa demande de «lancer des frappes à longue portée sur toutes les cibles militaires légitimes en Russie». Il a également de nouveau réclamé que les pays voisins soient autorisés à employer leurs propres systèmes anti-aériens afin de détruire les missiles russes. «Abattre des morceaux de métal mortels dans les airs ne constitue pas une participation d'un pays à la guerre», a-t-il encore affirmé.

«Les tragédies se répètent. Quand cela cessera-t-il ?», s'insurge une députée

Évoquant la frappe russe, Volodymyr Zelensky a quant à lui mentionné «deux missiles balistiques» russes, stipulant immédiatement après que l'alerte au raid aérien avait été déclenchée. Dans la foulée de la frappe, la Défense ukrainienne avait affirmé que les engins avaient «surpris les gens en train d'évacuer».

Le bilan de ce raid russe a provoqué la colère de députés de la Rada, mettant en cause le manque d'anticipation du commandement ukrainien. 

«Les tragédies se répètent. Quand cela cessera-t-il ?», a notamment fustigé sur Telegram Mariana Bezouhla, membre de la commission Défense de la Rada, renvoyant à un article concernant une frappe russe effectuée en novembre contre une cérémonie à Zaporojié de la 128e brigade d'assaut de montagne.

Même son de cloche du côté du journaliste ukrainien Youriy Boutousov. «Pas un seul dirigeant n’a été puni pour les attaques contre les casernes de Yavorov, Mykolaïv et UC Desna, où il y a eu de nombreuses victimes. Il n’est donc pas surprenant que les rassemblements de masse se poursuivent», a-t-il dénoncé sur Telegram.

«Poltava... Comment se fait-il qu'un si grand nombre de personnes aient été rassemblées dans un tel établissement ?», s'est pour sa part interrogé le blogueur Sergueï Naoumovitch, cité par les médias français.

La Défense ukrainienne a pour sa part affirmé qu'aucune cérémonie en plein air n'avait lieu au moment de la frappe. «J’ai ordonné une enquête complète et rapide sur les circonstances de ce qui s’est passé», a pour sa part annoncé le président Zelensky.

Kiev en plein remaniement ministériel

Selon un communiqué du ministère ukrainien de l'Intérieur, le bilan serait pour l'heure de 53 morts et 270 blessés. Un bilan qui pourrait s'alourdir, selon les autorités locales.

Cette «frappe de haute précision contre le 179e centre d'entraînement conjoint des forces armées ukrainiennes dans la ville de Poltava», comme la mentionne brièvement la Défense russe dans son rapport quotidien d’activités, survient alors que Kiev se trouve en plein remaniement ministériel.

En plus de Dmytro Kouleba, qui a présenté ce 4 septembre sa démission au Parlement, plusieurs ministères doivent changer de tête alors que Volodymyr Zelensky a défendu à la mi-journée, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre irlandais Simon Harris, que l’Ukraine avait «besoin d'une nouvelle énergie».

«Certains d'entre eux ont été ministres depuis cinq ans», a encore ajouté le président ukrainien, dont le mandat a expiré fin mai, suite à sa décision de reporter jusqu'à nouvel ordre les élections présidentielles.