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Visas : des Eurodéputés appellent Bruxelles à mettre la Hongrie au ban de l’espace Schengen

Un groupe de parlementaires européens appelle la Commission européenne à sévir contre la Hongrie, suite à un assouplissement des règles de visa pour les travailleurs de plusieurs pays, dont la Russie et la Biélorussie. Ces parlementaires appellent notamment Bruxelles à «remettre en question» l’appartenance de la Hongrie à l’espace Schengen.

«Nous appelons la Commission européenne à prendre des mesures urgentes pour enquêter sur la décision de la Hongrie, car elle pourrait constituer une faille et potentiellement mettre en péril le fonctionnement global de l'espace Schengen et son rôle d'espace sécurisé pour les citoyens», stipule une lettre en date du 2 août initiée par les eurodéputés lituanien Danuse Nerudova (Renew Europe) et tchèque Petras Austrevicius.

«Viktor Orban est clairement en train de tester la patience de l’Union européenne», estiment-ils dans cette lettre adressée à Ursula von der Leyen, accusant entre autres Viktor Orban d’avoir «bloqué» les sanctions contre la Russie ainsi que l’aide à l’Ukraine. Ils pointent du doigt l’extension par Budapest de sa «carte nationale» aux citoyens de la Russie et de la Biélorussie. Une «décision irresponsable» qui à leurs yeux «représente une menace importante pour la sécurité de tous les États membres et citoyens», estimant qu’elle pourrait «renforcer le réseau d’espionnage russe au sein de l’UE».

Ces eurodéputés ajoutent que si le gouvernement hongrois «refuse de changer de politique, la Commission et tous les représentants de l'UE devraient remettre en question la présence hongroise dans l'espace Schengen et adopter de nouvelles mesures visant à défendre les citoyens européens, y compris des contrôles aux frontières hongroises si nécessaire».

«Il convient également de noter que les autres États Schengen ont le droit de refuser de reconnaître les visas délivrés par la Hongrie aux citoyens russes et biélorusses, avec les conséquences correspondantes», ont-ils encore affirmé, estimant que Budapest doit être informé «des conséquences possibles de cette décision sur les voyages des citoyens hongrois dans l'espace Schengen».

Budapest dénonce une «attaque hypocrite de l'élite européenne pro-guerre» contre la Hongrie

Une mesure, qui fait suite à la signature début juillet par Viktor Orban d’un décret allégeant les restrictions pour les travailleurs saisonniers de huit pays, dont la Russie et la Biélorussie. Un programme auquel étaient déjà éligibles les citoyens de l’Ukraine et de la Serbie.

Dans une lettre révélée fin juillet par le Financial Times, le président du Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber, avait déjà brandi un «risque sérieux pour la sécurité nationale» de l’UE que représenterait cette décision de Budapest, appelant les dirigeants du bloc européen à prendre «des contre-mesures urgentes». Le gouvernement hongrois avait répliqué, qualifiant de «mensonges» la lettre de Manfred Weber, estimant qu'elle n'était «rien d'autre qu'une nouvelle attaque hypocrite de l'élite européenne pro-guerre contre la Hongrie».

Bien qu’elle ait toujours voté les sanctions européennes, la Hongrie, qui a pris la présidence tournante du Conseil de l’UE, est ouvertement partisan d’un cessez-le-feu en Ukraine, redoutant notamment une escalade entre la Russie et l’OTAN. Budapest est régulièrement pointée du doigt par ses partenaires occidentaux pour ses positions présentées comme favorables à Moscou. Des partenaires qui, à plusieurs reprises, ont brandi la menace de mesures de rétorsion afin de contraindre la Hongrie à aller dans leur sens.