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Ukraine : l’agence S&P abaisse à «défaut partiel» la note du pays

Faute d’avoir honoré une échéance de remboursement, l’Ukraine a vu le 2 août la note de sa dette à long terme dégradée par l’agence de notation américaine S&P, la plaçant à un cran du défaut de paiement. Si Kiev affirme être parvenu à un «accord de principe» avec des créanciers, les députés ont acté la possibilité de suspendre les remboursements.

L'agence new-yorkaise de notation financière Standard and Poor's (S&P) a abaissé le 2 août la note de la dette à long terme de l'Ukraine, mettant celle-ci à «SD» pour «selective default» (défaut partiel), en raison du non-remboursement la veille d'une échéance de remboursement d'une euro-obligation. Il s’agit de la note la plus basse de l’agence, avant le «D» du défaut de paiement.

«L'Ukraine a l'intention de lancer la restructuration formelle de certaines de ses euro-obligations par le biais d'une offre d'échange» a détaillé S&P, précisant que Kiev avait «décidé de suspendre les paiements sur les obligations concernées avant la restructuration» et n'a donc «pas effectué le paiement du coupon de son euro-obligation».

Dans son «scénario positif», S&P précise qu’elle pourrait relever sa note après la finalisation de la restructuration de la dette ukrainienne, ainsi que «dans le cas peu probable où l’Ukraine reprendrait le paiement de son obligation en défaut, au lieu de l’échange de la dette». À l’inverse, l’agence a averti qu’elle pourrait également abaisser sa note de la Banque centrale ukrainienne «si nous voyons des indications selon lesquelles les obligations libellées en hryvnia ukrainienne pourraient souffrir de non-paiement ou d’une restructuration».

«Les Européens vont réaliser que les aides colossales faites à l’Ukraine sous forme de prêts ne seront JAMAIS remboursées», a réagi ce 3 août sur X (ex-Twitter) l’eurodéputé Thierry Mariani, qui s’inquiète régulièrement du risque que Kiev n’honore pas ses créances, notamment auprès de l’UE dont le budget est financé par les États membres. «Fou ! Mais si prévisible !» a, quant à lui, lâché Florian Philippot, président du parti souverainiste Les Patriotes. «Il faut arrêter de verser armes et argent à ce pays, à tous ces gens derrière ! Plus un euro, rien !» a poursuivi l’ancien eurodéputé, réitérant son appel à des négociations de paix.

La Rada autorise le gouvernement à suspendre, jusqu’au 1er octobre, le remboursement de sa dette

Le 22 juillet, le ministère ukrainien des Finances avait affirmé être parvenu à «un accord de principe» avec un groupe de créanciers privés internationaux - dont Amundi et BlackRock, avait précisé Les Échos - afin de restructurer le quart de sa dette obligataire (chiffrée à 20 milliards de dollars). En l’occurrence : l’effacement pur et simple de 37% de cette dette et un aménagement pour le paiement du solde.

«Nous sommes heureux de pouvoir fournir un allègement significatif de la dette à l'Ukraine, de l'aider dans ses efforts pour retrouver son accès aux marchés internationaux des capitaux et de soutenir la reconstruction future du pays» s’était félicité sur X le ministre ukrainien des Finances Sergii Martchenko. Pour être entériné, cet «accord de principe» doit pourtant être adopté à la majorité des deux tiers des créanciers obligataires, soulignait encore le quotidien économique français. Selon cette même source, une première tentative de négociations avec ces créanciers avait échoué un mois plus tôt, après que Kiev leur ait réclamé l’effacement de 60% de son ardoise.

Quelques jours avant l’annonce de cet accord, le 18 juillet, la Rada a adopté un projet de loi accordant au gouvernement la possibilité de suspendre – si nécessaire – jusqu’au 1er octobre les paiements de la dette extérieure. Une loi qu’a signée Volodymyr Zelensky le 31 juillet.