Alors que le chanteur Akon avait lancé en 2020 le projet d'une ville futuriste, inspiré du film Black Panther, à moins de 100 kilomètres de Dakar, le chantier n'a toujours pas commencé. Les autorités sénégalaises lui avaient adressé une mise en demeure pour que les travaux débutent avant la fin juillet, autrement le gouvernement reprendrait la quasi-totalité (90%) des 55 hectares de terrains concédés.
La Sapco-Sénégal, l'entité publique chargée de développer les zones côtières et touristiques du pays, est d’autant plus impatiente que le Sénégal doit accueillir en 2026 les Jeux olympiques de la jeunesse. En perspective de cet évènement, d’autres sociétés se sont positionnées pour des projets sur le site, confiait début novembre 2023 au quotidien L’Observateur le patron de la Sapco, Souleymane Ndiaye.
Or, «aujourd’hui, des chèvres et des vaches paissent dans des pâturages abandonnés à 96 kilomètres au sud de Dakar» relatait le 2 août l’agence Bloomberg. L’agence américaine souligne, comme bien des médias avant elle, qu’aujourd’hui seule la première pierre du projet, posée fin août 2020 par le chanteur, a été érigée sur le site du projet.
Initialement, ce projet futuriste de la star internationale prévoyait des hôtels, une école et un commissariat, ainsi qu’une centrale solaire et un centre de traitement des déchets. En 2020, celui-ci avait assuré auprès des médias internationaux qu’il y prendrait sa retraite, tel le «roi de la ville».
Un financement qui interroge
Cette ville se voulant futuriste aurait même pu utiliser la cryptomonnaie du natif de Saint-Louis dans le Missouri, la «Akoin». Lancée en 2020, cette monnaie a vu son cours s’effondrer en quelques mois, passant d’une valeur de 0,15 dollar à 0,00035 dollar aujourd’hui selon le site BitMart.
Malgré le soutien de l'ancien président sénégalais Macky Sall, le projet d'Akon n'en est pas à sa première mise en demeure. Dès 2022, l'absence de travaux lui avait valu un rappel à l'ordre de la part de Sapco. Le financement du projet est également au cœur de certaines controverses, ne serait-ce qu’au regard de la fortune personnelle du chanteur, estimée entre 60 et 80 millions de dollars, bien loin des 6 milliards nécessaires annoncés.
Dès mars 2022, le site Dakaractu se demande si ce projet de Wakanda sénégalais ne serait pas finalement qu’une pyramide de Ponzi, ce montage frauduleux qui consiste à rémunérer les anciens participants d’un projet grâce aux investissements des nouveaux arrivants. Deux ans plus tôt, a rappelé Le Monde, la société KE International, spécialisée dans les projets de construction high-tech écologiques et appartenant au milliardaire américano-kényan Julius Mwale, avait confié au quotidien français avoir «déjà collecté 4 milliards de dollars venant d’investisseurs dirigés par Julius Mwale».