Au moins 15 personnes ont été arrêtées pour vandalisme et actions déstabilisatrices, a déclaré le procureur général du pays, Tarek William Saab, sur X, le 29 juillet au soir. «Ces actions ont touché le siège du Parti Socialiste Unifié du Venezuela, situé à El Tigre», a-t-il écrit.
Neuf individus, dont un adolescent de 15 ans, ont été arrêtées «pour avoir commis des actes de vandalisme et incendié le siège du parti», alors que des personnes s'y trouvaient.
Les troubles ont éclaté à travers le pays 24 heures après l'annonce de la victoire de Nicolas Maduro à l'élection présidentielle.
Saab a également rapporté plus tard l'arrestation de six autres personnes, dont trois meneurs des manifestations. De l'essence, plusieurs cocktails Molotov, des couteaux et des pierres ont été saisis.
Des manifestants dans l'État de La Guaira ont aussi démoli et brûlé une statue de l'ancien président Hugo Chavez. Les forces de l'ordre ont utilisé du gaz et tiré des balles en caoutchouc pour disperser la foule. Un grand nombre de militaires et de policiers ont été aperçus dans les rues et aux abords des bâtiments publics.
Une personne tuée, selon une ONG
«Au moins une personne a été tuée dans (l'État de) Yaracuy (Nord-Ouest) et 46 personnes sont détenues», a écrit sur X Alfredo Romero, directeur de l'ONG d’opposition Foro Penal.
Maria Corina Machado, à la tête de l’opposition, a assuré le 29 juillet au soir que celle-ci prouverait la victoire de son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia. Selon elle, le candidat défait aurait en réalité obtenu 6,27 millions de voix, contre 2,7 pour Maduro.
La responsable de l'opposition impliquée dans un piratage du système électoral ?
Selon le Conseil national électoral vénézuélien, Maduro a été réélu pour un troisième mandat consécutif de six ans avec 51,2% des suffrages et 5,15 millions de voix, Urrutia obtenant quant à lui 44,2% des suffrages et 4,5 millions de voix.
Le Conseil national électoral vénézuélien a dénoncé une «agression contre le système de transmission des données» ayant retardé le décompte, et la justice du pays a ouvert une enquête, évoquant l’implication de Maria Machado dans le «piratage».
Caracas dénonce les ingérences étrangères et rappelle sept ambassadeurs
La pression internationale se fait aussi sentir : Bruxelles et Washington, les autorités de l'Uruguay, de l'Argentine, du Costa Rica, de l'Équateur, du Guatemala, du Pérou, de la République dominicaine, du Panama et du Paraguay ont exprimé leur profonde inquiétude quant à la manière dont s'est déroulée l'élection présidentielle au Venezuela. Dans une déclaration commune, les gouvernements de ces pays ont exigé la révision des résultats des élections.
«La fraude commise par Nicolas Maduro n'est rien d'autre qu'une victoire à la Pyrrhus. Il a peut-être gagné la bataille. Mais le plus important est que les lions vénézuéliens se sont réveillés. Tôt ou tard, le socialisme prendra fin», a déclaré le président argentin Javier Milei dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, s'adressant «au peuple héroïque du Venezuela».
Les États-Unis, quant à eux, ont affirmé «craindre que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté du peuple». L’UE, via le chef de sa diplomatie Josep Borrel, a appelé à une «transparence totale».
Les autorités vénézuéliennes ont annoncé rappeler ses diplomates de sept pays d'Amérique latine n'ayant pas reconnu les résultats des élections : «le Venezuela exprime sa ferme condamnation des actes et des déclarations d'ingérence d'un groupe de gouvernements de droite, subordonnés à Washington et ouvertement engagés dans les principes idéologiques les plus odieux du fascisme international, qui tentent de faire revivre le Groupe de Lima, qui a échoué, et qui refusent de reconnaître les résultats des élections du 28 juillet 2024», a déclaré Caracas dans un communiqué.
Le Venezuela, visé par des sanctions occidentales, notamment depuis la réélection de Maduro en 2018, est exsangue : son PIB a été réduit de 80% en dix ans. Caracas fustige le «blocus criminel» de Washington.