«Tout comme nous sommes entrés au Karabakh, tout comme nous sommes entrés en Libye, nous pouvons leur faire la même chose. Il n’y a aucune raison de ne pas le faire. Nous avons juste besoin d’être forts pour pouvoir prendre ces mesures», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d’un discours le 27 juillet depuis sa ville natale de la province de Rize.
Le chef d'État turc a ouvertement menacé d'intervenir militairement en Israël et qu'une Turquie «très forte» en matière d’industrie de la défense, empêcherait les attaques brutales d’Israël contre les Palestiniens, a rapporté le média TRT.
Les propos du président Turc n'ont pas manqué de faire réagir le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz. Sur la plateforme X le 28 juillet, le ministre israélien des Affaires étrangères a déclaré : «Erdogan suit les traces de Saddam Hussein et menace d'attaquer Israël». Et d'ajouter: «Laissez-le simplement se souvenir de ce qui s'est passé là-bas et comment ça s'est terminé», tout en publiant une photo de l'ancien président irakien peu de temps avec sa pendaison.
En 1991, Saddam Hussein avait tiré une quarantaine de missiles sur Israël, tuant deux civils et en blessant 200 autres.
La Turquie, fidèle soutien du Hamas
Le chef de l'opposition israélienne Yaïr Lapid s'en est lui aussi pris à Recep Tayyip Erdogan. Dans un post publié sur X, il a déclaré: «Le président Erdogan fulmine à nouveau. Il représente un danger pour le Moyen-Orient», exhortant le monde, et en particulier les membres de l’OTAN «à condamner fermement ses menaces scandaleuses contre Israël et à le forcer à mettre fin à son soutien au Hamas». Yaïr Lapid a conclu en martelant: «Nous n’accepterons pas les menaces d’un aspirant dictateur».
Les relations israélo-turques se sont dégradées depuis le 7 octobre. Ankara a pris fait et cause pour le Hamas, le qualifiant de «groupe de libérateurs», fustigeant «l’inhumanité» de Tsahal. La Turquie avait rappelé son ambassadeur dès le mois de novembre 2023 alors qu'elle l'avait nommé en 2022. Le chef du bureau politique du parti islamiste gazaoui s'était même rendu dans la capitale turque le 20 avril dernier avec une délégation du mouvement. Depuis, Recep Tayyip Erdogan a également décidé en mai dernier de couper tous les liens commerciaux avec l'Etat hébreu.
Dans un communiqué publié sur la plateforme X (ex-Twitter), le ministère turc du Commerce a annoncé la fin de toutes ses exportations et importations vers et depuis Israël, en raison de «l'aggravation de la tragédie humanitaire» dans les territoires palestiniens. «Les transactions d'exportation et d'importation liées à Israël ont été interrompues, couvrant tous les produits», selon le document.
Le ministère a insisté sur le fait qu'il appliquerait «ces nouvelles mesures de manière stricte et décisive», et ce, jusqu'à «ce que le gouvernement israélien autorise un flux ininterrompu et suffisant d'aide humanitaire vers Gaza». Le commerce bilatéral entre les deux pays pesait 6,8 milliards de dollars en 2023, a précisé Reuters. Cette année-là, selon l'Union des exportateurs turcs et l'agence de statistiques Turkstat, les seules exportations turques vers Israël ont représenté 5,43 milliards de dollars.
Cette décision d'Ankara, qui avait été ébruitée par Bloomberg, n'a pas manqué de faire réagir Israël. Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz s'en est pris ouvertement au président Erdogan. «C’est ainsi que se comporte un dictateur, ignorant les intérêts du peuple et des hommes d’affaires turcs et ignorant les accords commerciaux internationaux», a déclaré le diplomate dans un message posté sur X le 2 mai.
Pour prendre le contre-pied de cette mesure, Israël Katz a déclaré avoir demandé à son ministère de s’atteler «immédiatement avec toutes les parties concernées du gouvernement» à «créer des alternatives» aux échanges commerciaux avec la Turquie, «en se concentrant sur la production locale et les importations en provenance d'autres pays».
Le président turc a de surcroît fait savoir que son pays a soigné plus de 1 000 combattants du Hamas depuis le 7 octobre.