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Ukraine : en prévision d’une victoire de Trump, un chercheur appelle les Européens à signer des contrats avec les Américains

Lors d’une interview à la télévision allemande, un chercheur du European Council on Foreign Relations a mis en garde contre le risque d’une diminution de l’aide militaire américaine à Kiev en cas de victoire de Trump. Selon lui, les Européens doivent anticiper et signer des contrats d’armements avec les Américains.

Pour Gustav Gressel, la fenêtre d’opportunité des Européens pour pérenniser l’aide militaire à l’Ukraine se referme. En effet, selon ce chercheur du très atlantiste European Council on Foreign Relations (ECFR), en cas de retour à la Maison Blanche de Donald Trump, l’afflux d’armements états-uniens en Ukraine pourrait sensiblement diminuer.

«De nombreux articles très critiques figurant sur la liste de courses des Ukrainiens sont fabriqués aux États-Unis», a-t-il souligné auprès de la chaîne publique allemande ZDF. Des équipements tels que les missiles pour les systèmes sol-air Patriot, Nasams et Hawk, ou encore les lance-roquettes multiples Himars.

Outre ces systèmes, selon le décompte du Pentagone, au 11 juillet, Washington avait notamment fourni aux forces de Kiev 2 000 lance-missiles sol-air Stinger et 10 000 missiles antichars Javelin, auxquels s’ajoutent plusieurs milliers de véhicules, dont 300 véhicules de combat d’infanterie Bradley, 45 chars T-72B et 31 Abrams.

Pour poursuivre ces approvisionnements malgré une victoire de Trump aux élections et face à une Russie disposant de suffisamment de ressources pour poursuivre le conflit jusqu’en «2026 ou 2027», Gustav Gressel s’interroge quant à la possibilité des Européens de négocier des contrats d’approvisionnement avec les Américains dans les derniers instants de la présidence Biden. L’intervenant de la ZDF regrette à cet égard un manque de «planification» au sein des Vingt-Sept.

Armements : Washington, fournisseur majoritaire de Kiev

«Il n'y a pas de négociations commerciales ni de discussions préalables sur la manière de rendre le soutien militaire à l'Ukraine aussi sûr que possible au cours des prochaines années au moyen de contrats dont Trump a du mal à se débarrasser ou ne peut qu'obtenir avec des pénalités contractuelles élevées», a déclaré Gustav Gressel.

En cas de victoire en novembre, Donald Trump a affirmé qu’il réglerait le conflit ukrainien «sous 24 heures». Si le 45e président américain n’a pas détaillé son plan, celui-ci «consisterait à pousser l'Ukraine à céder la Crimée et la région frontalière du Donbass à la Russie», selon des sources du Washington Post. Côté russe, on reste circonspect quant à la manière dont les déclarations de Donald Trump pourraient prendre forme. «Sous Trump, rien de particulièrement bon n'a été fait pour la Russie ; au contraire, de plus en plus de restrictions ont été introduites sous Trump», avait notamment déclaré le 17 juillet le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Selon le décompte du think tank allemand Kiel Institute for the World Economy (IFW), entre le 24 janvier 2022 et le 30 avril 2024, les États-Unis ont alloué 73,96 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine, dont une écrasante majorité (50,3 milliards) sur l’unique volet militaire, soit autant que tous les autres soutiens de Kiev (50,5 milliards).