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Impuissant, Macron s'inquiète d'un embrasement du conflit au Liban

Dans un discours à la veille du 14 juillet, Emmanuel Macron s'est inquiété des «risques qui pèsent sur le Liban ami», et a rappelé l'importance de la mission onusienne de la FINUL à la frontière israélo-libanaise. Paris, désormais incapable de peser au pays du Cèdre, coordonne ses positions avec celles de Washington.

«La France agit pour combattre le risque d’embrasement avec le drame de Gaza, les risques qui pèsent sur le Liban ami et les différentes zones de crise», a lancé Emmanuel Macron dans la soirée du 13 juillet lors d'un discours à l’Hôtel de Brienne pour rendre hommage aux armées. 

Le président français a passé en revue le dossier ukrainien, l'économie de guerre, la sécurisation des Jeux olympiques, mais également la question libanaise et le conflit à Gaza. Avec 700 militaires français au sein de la mission onusienne de la FINUL, Emmanuel Macron insiste sur le fait que «leur mission est essentielle et se réalise dans des conditions dont je mesure la complexité». En effet, cette mission, composée de 10 500 soldats provenant de 48 pays, présente au Liban depuis 1978 pour pacifier la frontière israélo-libanaise est sous le feu des affrontements entre le Hezbollah et l'armée israélienne. 

«La France n'acceptera pas que la mission de la FINUL soit entravée ou anesthésiée», a poursuivi Emmanuel Macron, à quelques semaines du renouvellement annuel du mandat de la force onusienne, fin août. En effet, chaque année le Conseil de sécurité de l'ONU vote pour la reconduction de la mission au Liban. «La Résolution 1701 doit être pleinement appliquée. Notre détermination est à cet égard entière», a encore affirmé le chef de l’État français. La mise en application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité est au centre des efforts internationaux, notamment américains, pour un retour au calme à la frontière. Ce texte prévoit notamment un retrait au nord du fleuve Litani des armes du Hezbollah.

La France désormais dépendante des Etats-Unis sur le dossier libanais

Concernant les tractations internationales en cours pour apaiser la situation, Emmanuel Macron a souligné que face aux «bouleversements historiques» que connaît le Proche-Orient, et au «risque d'embrasement» qui pèse notamment sur le «Liban ami», la France et ses alliés et partenaires dans la région veulent s'assurer «qu'aucune puissance, d'elle-même ou par ses supplétifs ne déclenche l'embrasement redouté».

Dans le cadre de ses efforts diplomatiques pour éviter la guerre au Liban, la France s'appuie sur son allié américain. En effet, l'émissaire du président français pour le Liban et l'ancien chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian avait reçu le 3 juillet à Paris l'émissaire américain Amos Hochstein pour coordonner leurs positions sur le dossier libano-israélien. Le diplomate français était, quant à lui, en déplacement à Beyrouth les 28 et 29 mai derniers pour rencontrer les responsables libanais et avait exhorté les dirigeants à se mettre d'accord sur l'élection d'un président.

Le Liban est sans chef d'Etat depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre 2022. L'émissaire américain s'était rendu en Israël et au pays du Cèdre en juin dernier pour arracher un accord entre le Hezbollah et Tsahal. Or, le parti chiite a fait savoir qu'il n'y aurait pas de cessez-le-feu à la frontière libano-israélienne tant qu'il n'y aurait pas une cessation des hostilités dans la bande de Gaza. 

Depuis le 8 octobre, l'armée israélienne et le Hezbollah s'affrontent par escarmouches et attaques ciblées. Alors que les deux ennemis s'étaient d'abord cantonnés à des attaques ne dépassant pas cinq kilomètres au-delà de la frontière, les opérations ont depuis évolué tant en intensité qu'en profondeur. Dernièrement, les dirigeants israéliens ont ouvertement menacé le Liban d'une intervention dans le sud du pays destinée à en chasser le Hezbollah. Le secrétaire général du Hezbollah s'est dit prêt à toute éventualité sur le front.