International

Dans une enquête, Tsahal assume son échec du 7 octobre dans la défense du kibboutz de Beeri

L'armée israélienne a publié les conclusions d’une enquête dans laquelle elle revient sur les «graves erreurs» commises lors de l’attaque du Hamas du 7 octobre contre le kibboutz de Beeri où 101 civils ont été tuées. L’enquête met notamment en exergue le manque de coordination de Tsahal et un certain attentisme des troupes stationnées à proximité.

Plus de neuf mois après la sanglante attaque du Hamas du 7 octobre 2023, l'armée israélienne a rendu publique le 11 juillet une enquête dans laquelle elle explique ses erreurs dans la défense du Kibboutz de Beeri, à environ cinq kilomètres de la bande de Gaza. 

Selon cette enquête, menée par un général réserviste et notamment reprise par The Times of Israël, l'armée a «échoué dans sa mission de protéger les habitants du kibboutz Beeri».

Le 7 octobre, l'assaut du Hamas a tué plus de 101 habitants à Beeri, 32 personnes ont été prises en otages dont 11 sont encore dans la bande de Gaza. Par ailleurs, 150 habitations ont été détruites. Le général de division Mickey Edelstein, en charge de l'enquête, a présenté une chronologie détaillée de l'attaque du mouvement islamiste palestinien. Les conclusions de cette enquête mettent notamment en exergue les nombreuses erreurs commises par Tsahal.

Il est expliqué qu'à 6h30 du matin, les combattants du Hamas et des autres groupes affiliés ont quitté l'enclave gazaouie, pour arriver un quart d'heure plus tard dans le kibboutz de Beeri. Jusqu'à 9h, des affrontements ont eu lieu entre les forces de sécurité et des locaux contre les assaillants. Sur place, plus de 300 combattants palestiniens, dont 100 à 120 membres de la force d'élite Nukhba du Hamas, 50 à 70 autres membres du Hamas et environ 100 à 150 membres du Jihad islamique palestinien.

Le manque de coordination et de préparation de Tsahal

Pendant près de quatre heures, les assaillants gazaouis ont occupé le kibboutz, blessant des soldats de Tsahal arrivés sur place et enlevant les premiers otages. Provenant de plusieurs directions, l'assaut a créé la confusion dans les rangs de l'armée israélienne qui a dû nommer sur le tas «un commandant supérieur pour organiser les combats». 

De 13h30 à 22h, «la brigade «Hevzek» (99) se positionne dans le kibboutz» a relaté I24, permettant à Tsahal d'éliminer environ 100 combattants gazaouis et d'évacuer une partie des civils.

L'enquête de l'armée israélienne met en lumière la passivité de certaines troupes stationnées non loin des lieux d'affrontements, le manque de coordination avec la hiérarchie militaire. Elle pointe du doigt le fait que durant les premières heures de l'assaut du Hamas, seuls 13 soldats et 13 membres de l'équipe de sécurité locale du kibboutz et d'autres civils armés ont tenté de protéger les lieux. Les habitants de Beeri étaient «pratiquement seuls face à l’ennemi», a déclaré le général de brigade Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, lors de la présentation des conclusions de cette enquête. 31 membres des services de sécurité ont été tués au cours de l’attaque de Beeri.

Tsahal affirme «ne pas avoir été préparée au scénario d'une infiltration massive comme celle du 7 octobre» et reconnaît aussi «un manque de coordination» entre ses troupes sur place. «L'enquête a été approfondie et a aidé les membres du kibboutz à comprendre la complexité des combats dans les différents secteurs. Nous estimons qu'il est très important que l'armée ait pris ses responsabilités dans son échec total à nous protéger et demande pardon de nous avoir abandonnés tant d'heures, alors que nous étions soumis à une attaque maléfique sans égal», ont déclaré les représentants du kibboutz dans un communiqué.  

L'attaque sans précédent du 7 octobre a entraîné la démission de plusieurs cadres de l'armée israélienne et du renseignement. L'assaut du Hamas a fait 1 170 morts, dont une majorité de civils, tandis que 252 otages ont été kidnappés. 116 sont encore retenus dans la bande de Gaza.