Le «Dimanche sanglant», tel est le nom donné en Pologne au 11 juillet 1943. Une date qui marque le paroxysme des massacres perpétrés entre 1943 et 1945 par l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) en Volhynie, une région actuellement ukrainienne. C'est là que fut en 1942 fondée l’UPA, quelques mois après la proclamation d’indépendance de l’Ukraine par l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN).
En juillet 1943, cette branche militaire de l’OUN, qui fut notamment dirigée par Roman Choukhevytch et Stepan Bandera, lança des attaques contre une centaine de villages polonais de Volhynie, une région placée sous supervision militaire du IIIe Reich après le déclenchement de l’offensive allemande contre l’URSS en juin 1941.
En tout, 8 000 hommes, femmes et enfants polonais furent massacrés au cours de la seule journée du 11 juillet, devenue en Pologne la «Journée nationale à la mémoire des victimes du génocide de Volhynie».
Une tâche sur les relations polono-ukrainiennes
Cette tragédie, motivée par une volonté d’homogénéisation ethnique, demeure une page noire des relations polono-ukrainiennes. Bien que très proche alliée de Kiev, notamment depuis le déclenchement de l’offensive russe en février 2022, la Pologne ne cesse de reprocher aux autorités ukrainiennes de n'avoir pas explicitement condamné ce crime en tant que génocide.
En juillet 2023, le président polonais Andrzej Duda avait rencontré Volodymyr Zelensky à Loutsk, une ancienne ville polonaise dorénavant située dans l’ouest de l’Ukraine, où il était venu rendre hommage aux victimes de ces tueries.
Les commémorations de cette année seront notamment marquées par l’inauguration, le 14 juillet, d’un monument installé à Domostawa, dans le sud-est de la Pologne. Un monument au cœur duquel l’on peut voir un jeune enfant empalé sur un trident, à l’instar de celui qui figure sur les armoiries de l’Ukraine.
Un monument qui, aux yeux d’Igor Isajew, un militant ukrainien pro-Kiev installé en Pologne depuis plus de dix ans, serait celui de «la haine polonaise» ainsi qu’un «exemple de stupidité».
Visiblement donc, les tensions demeurent.