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Kiev cherche à mobiliser sur le front sa diaspora présente en Pologne

La Pologne a accepté d'aider l'Ukraine à mobiliser ses ressortissants présents sur son territoire, alors que Kiev cherche désespérément à recruter des soldats. Varsovie accueillera d'ailleurs une «légion ukrainienne» destinée aux personnes de la diaspora.

Varsovie a accepté d'aider les efforts de mobilisation de Kiev en appelant tous les hommes ukrainiens en âge de porter les armes en Pologne à rentrer chez eux et à rejoindre la lutte contre la Russie.

Selon les termes d'un traité de sécurité bilatéral signé le 8 juillet par le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre polonais Donald Tusk, Varsovie «encouragera» les citoyens ukrainiens à retourner dans leur pays d'origine «pour servir dans les forces armées […] et dans d'autres forces de sécurité et de défense».

«Les Ukrainiens se trouvant en Pologne et autres pays de l'Union européenne pourront rejoindre la défense ukrainienne en signant un contrat avec les forces armées», a confirmé le ministre ukrainien Roustem Oumerov sur les réseaux sociaux. 

Kiev peine toujours à recruter davantage de soldats pour combattre la Russie, malgré l'adoption d'une réforme majeure en début d'année visant à mettre un terme aux réticences de la population. La réforme de la mobilisation de Kiev prévoit notamment le refus de services consulaires pour les Ukrainiens résidant à l'étranger s'ils ne déclarent pas leurs données personnelles au ministère de la Défense. Cette restriction a été introduite dès le mois d'avril.

Selon les médias occidentaux, de nombreux Ukrainiens préfèrent éviter la mobilisation, voire risquer leur vie en tentant de traverser illégalement la frontière et de fuir vers l'UE.

L'Ukraine en quête d'hommes

De hauts responsables ukrainiens ont exhorté les pays occidentaux qui hébergent des Ukrainiens en âge de combattre à les persuader de rentrer chez eux. Mikhaïl Podoliak, un conseiller du président ukrainien, a déclaré en décembre dernier que «les Ukrainiens devraient se voir refuser des permis de séjour, des aides et des opportunités d’emploi par des gouvernements étrangers».

Depuis le début des hostilités avec la Russie en 2022, la Pologne a accordé un permis de séjour temporaire à quelque 950 000 Ukrainiens, soit l'un des nombres les plus élevés de l'Union européenne. Kiev estime à 300 000 le nombre d'Ukrainiens en âge de combattre s'y trouvant actuellement.

Le ministre polonais de la Défense Wladyslaw Kosiniak-Kamysz a déclaré en avril que Varsovie cherchait des moyens d'aider Kiev dans ses efforts de conscription. «Je pense que beaucoup de nos compatriotes étaient et sont encore indignés lorsqu’ils voient des jeunes Ukrainiens dans les cafés et entendent parler des efforts que nous devons déployer pour aider l’Ukraine», avait-il déclaré à l’époque.

La Pologne accueillera d'ailleurs une «légion ukrainienne», une nouvelle unité de volontaires destinée aux citoyens ukrainiens vivant dans l'UE, a déclaré le 8 juillet le président ukrainien lors d'une conférence de presse avec Donald Tusk à Varsovie. Elle sera entraînée et armée par l'Occident, a-t-il ajouté.

Le traité bilatéral avec Varsovie fait partie d'une série d'accords signés par l'Ukraine avec les pays occidentaux. Ces accords visent à garantir une assistance militaire à long terme à Kiev, alors que sa demande d'adhésion à l'OTAN et de bénéficier d'une protection totale en vertu de sa clause de défense mutuelle n'est toujours pas acceptée par ses alliés.