Cinquante milliards de dollars d'ici fin 2024 pour l'Ukraine : les pays du G7 comptent accorder un méga-prêt à Kiev, garanti par les futurs intérêts générés par les actifs russes gelés, même si certains aspects de l'entente restent encore flous.
Un nouveau pactole en vue pour Kiev. À peine Volodymyr Zelensky était-il arrivé au sommet du G7 ce 13 juin que l’administration Biden a annoncé avoir bouclé un «accord politique» sur l’utilisation des avoirs russes gelés. Dans l’escarcelle, 50 milliards de dollars pour l’Ukraine garantis par les intérêts générés par les actifs qui ont été gelés par l’Occident dans la foulée de l’intervention russe en février 2022.
Washington proposait jusque-là leur confiscation. Les Européens, eux, envisageaient la saisie des seuls intérêts générés par ces actifs. Cet accord a été annoncé par les membres de l’UE début mai, afin «d’armer l’Ukraine». L’administration Biden a suivi.
Selon l’agence RIA Novosti, les avoirs russes représenteraient 300 milliards d’euros, dont 5 milliards seulement aux États-Unis et près de 200 dans l'Union européenne, essentiellement dans les comptes de la société belge Euroclear, l'un des plus grands systèmes de règlement et de compensation au monde. Ce groupe a pu en tirer des revenus totalisant l'an dernier 4,4 milliards d'euros. Les estimations selon l’AFP avoisinent plutôt les 3 milliards d’euros.
Les États-Unis sont «disposés à prêter jusqu'à 50 milliards pour assurer que l'objectif de 50 milliards soit atteint, mais il y aura d'autres prêteurs, ce qui signifie que le véritable chiffre américain est plus bas», a expliqué un responsable de la Maison Blanche ce 13 juin, cité par l’AFP. «Nous allons partager le risque», a-t-il précisé. «Je ne vais pas parler pour les autres délégations, c'est à elles de dire si elles vont contribuer», a-t-il encore ajouté.
Le G7 envisage un mécanisme contraignant, qui pourrait même éloigner la perspective de négociations. Les ministres des Finances du groupe affirment ainsi que les avoirs ne seront pas débloqués en cas d’accord de paix : ils «resteront immobilisés jusqu’à ce que la Russie paie pour les dommages causés à l’Ukraine».
L'arbitraire occidental risque d'effrayer les investisseurs internationaux
De nombreuses critiques ont été formulées, notamment par la direction d’Euroclear, s’inquiétant qu’une saisie des actifs russes incite de grands investisseurs, notamment chinois, à retirer leurs actifs en Europe, par crainte qu’ils ne soient saisis. «Si nos clients estiment que la loi n’est plus respectée et que leurs biens risquent d’être confisqués, cela ouvre une boîte de Pandore», avait prévenu sa présidente Valérie Urbain dans la revue belge L’Écho au début du mois de mai.
Du côté de Moscou, le Kremlin a déjà prévenu que l’adoption d'une telle décision constituerait «une nouvelle étape dans la violation de toutes les règles et normes du droit international» et conduirait à des mesures de rétorsion. En mars 2024, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait qualifié de «vol d’État» le blocage des réserves russes en Europe, rappelant que l'UE ciblait non seulement les fonds des particuliers, mais également les actifs de l'État du pays.