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Israël: Benny Gantz annonce sa démission, Itamar Ben Gvir en remplaçant ?

Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien et chef du parti centriste, a annoncé sa démission, dénonçant des «hésitations et des tergiversations dues à des considérations politiques». Le ministre nationaliste Itamar Ben Gvir a fait savoir qu'il était prêt à le remplacer.

Ce qui devait arriver, arriva. «Malheureusement, Netanyahou nous empêche d'avancer vers la vraie victoire. Des décisions stratégiques cruciales se heurtent à des hésitations et à des tergiversations dues à des considérations politiques», a fait savoir le centriste et président du parti Union nationale Benny Ganz le 9 juin, alors qu'il annonçait sa démission du cabinet de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahou.

«Nous quittons aujourd’hui le gouvernement d’urgence, le cœur lourd mais entier. Nous prenons cette décision afin de poursuivre le combat pour le sort de l’État d’Israël pour les générations à venir», a-t-il encore ajouté.

Il l'avait annoncé le 18 mai en conférence de presse. L'ancien ministre israélien de la Défense de 2020 à 2022 avait fait part de ses intentions de quitter ses fonctions en raison de nombreux désaccords avec le chef du Likoud. Chose faite, sa démission a été suivie de celles de Gadi Eisenkot (ancien chef d'Etat-major de Tsahal de 2015 à 2019), lui aussi membre du cabinet de guerre de l'Etat hébreu.

A celles-ci s'est ajoutée celle du général de brigade Avi Rosenfeld, commandant de la division de Gaza, en raison, selon ses propos cités par les médias israéliens, de son implication dans les échecs qui ont conduit à l’assaut du Hamas le 7 octobre.

Gantz présente ses excuses aux familles des otages

Benny Gantz a de surcroît appelé à la tenue d'élections anticipées en Israël. «Afin d'assurer une véritable victoire, il convient qu'à l'automne nous organisions des élections pour établir un gouvernement qui gagnera la confiance du peuple et sera capable de relever les défis», a-t-il insisté. Enfin, le chef du parti centriste a tenu à s'excuser auprès des familles des otages en déclarant: «Nous avons tenté beaucoup de choses, mais nous avons échoué dans les résultats. Nous n'avons pas encore pu ramener chez elles de nombreuses personnes enlevées, et j'en suis également responsable». 

Une décision qui n'a pas manqué de faire réagir Benjamin Netanyahou sur la plateforme X. Dans un message publié le 9 juin, le Premier ministre a insisté: «Israël est dans une guerre existentielle sur plusieurs fronts. Benny, ce n'est pas le moment d'abandonner la campagne, c'est le moment d'unir nos forces». «Citoyens d'Israël, nous continuerons jusqu'à la victoire et la réalisation de tous les objectifs de la guerre, en premier lieu la libération de tous nos otages et l'élimination du Hamas», a poursuivi le Premier ministre. 

Un remplaçant partisan de l'occupation de Gaza ?

A peine quelques heures après l'officialisation de la démission de Benny Gantz, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a fait savoir qu'il était prêt à intégrer le cabinet de guerre. «En tant que ministre, chef de parti et allié de premier plan de la coalition, j’exige d’être inclus dans ce cabinet afin d’être associé à la politique sécuritaire d’Israël», a-t-il affirmé dans une lettre adressée au Premier ministre et publiée sur son compte Telegram, rapporte un article de The Times of Israël. Membre du parti d'extrême droite Otzma Yehudit, il est notamment connu pour ses propos véhéments à l'encontre des Palestiniens. En mai dernier, il avait d'ailleurs appelé à organiser des zones de peuplement dans la bande de Gaza et préconisé également «l'émigration volontaire» des Gazaouis. 

Les démissions fracassantes de Benny Gantz, Gadi Eisenkot et Avi Rosenfeld ne sont pas les premières au niveau de l'exécutif politico-militaire israélien. Le 22 avril, plus de six mois après la sanglante attaque du Hamas contre le sud de l'État hébreu, le chef des renseignements militaire israélien Aharon Haliva avait annoncé sa démission. «La direction du renseignement sous mon commandement n'a pas été à la hauteur de la mission qui nous incombe», avait-il déclaré, évoquant le 7 octobre dans une lettre adressée à son état-major. «Je porte en moi ce jour noir depuis lors, jour après jour, nuit après nuit», avait ajouté Aharon Haliva, tout en affirmant qu'il porterait «à jamais l'horrible douleur de cette guerre».

De surcroît, d'après une enquête d'opinion réalisée par Maariv, dont les résultats ont été publiés le 26 avril, 63% des sondés estiment que les hauts responsables de Tsahal devraient démissionner. Une opinion partagée tant chez les électeurs de droite (61%) que chez les sympathisants des partis de centre-gauche (67%).