La suprématie aérienne israélienne pourrait-elle se voir remise en question au Liban ? Alors que l'exécutif israélien brandit la menace d'une intervention au pays du Cèdre, afin de mettre un terme aux frappes que mène le Hezbollah contre le nord de l'État hébreu, le parti chiite a affirmé avoir ciblé des avions de chasse de Tsahal à l'aide de missiles anti-aériens. Si ce fait est avéré, il s'agirait d'une première depuis le début des hostilités entre le Hezbollah et les forces israéliennes.
Selon le site de l'organisation pro-iranienne Al-Manar, «les moudjahidines de la Résistance islamique ont tiré des missiles de défense aérienne sur les avions de guerre ennemis qui attaquaient notre ciel [...] les obligeant à se retirer derrière la frontière». Contacté par L'Orient-Le Jour pour avoir plus d'informations sur cette opération, le parti chiite a confirmé auprès du média francophone qu’il s’agissait de la première fois que ses combattants lançaient des missiles contre des avions de chasse israéliens.
Israël est «prêt» à lancer une intervention au Liban
Toutefois, ce n'est pas la première fois que le Hezbollah utilise des missiles sol-air contre des aéronefs, habituellement des drones. Or, selon, l'organisation pro-iranienne, «la distance des avions de guerre, leur taille et leur rapidité sont différentes de celles des drones. Alors évidemment, il s’agit aussi de missiles différents de ceux lancés contre des drones», sans toutefois préciser l'arme utilisée.
Cette contre-attaque du Hezbollah intervient deux jours après la déclaration de Benjamin Netanyahou selon laquelle Israël serait «prêt pour une opération très intense» à sa frontière nord. Le Premier ministre israélien se trouvait alors dans la ville de Kiryat Shmona, près de la frontière, où des incendies de forêt ont éclaté après les bombardements du Hezbollah. «Quiconque pense pouvoir nous faire du mal pendant que nous restons les bras croisés commet une grave erreur. D’une manière ou d’une autre, nous rétablirons la sécurité dans le nord», avait encore affirmé Benjamin Netanyahou.
Même son de cloche de la part du président israélien. «Le monde doit se réveiller et comprendre qu'Israël n'a d'autre choix que de protéger ses citoyens», a déclaré Isaac Herzog le 5 juin. Il a par ailleurs dénoncé les frappes du Hezbollah sur la localité de Hurfeish qui ont tué un soldat et en ont blessé une dizaine. «Nous approchons du moment où une décision doit être prise», a-t-il martelé.
Washington craint que l'Iran intervienne directement dans ce conflit
Toujours est-il que, malgré le soutien inconditionnel de Washington à Tel-Aviv dans son effort de guerre, les États-Unis sont opposés à une escalade au Liban. Selon le site Axios, l’administration américaine aurait mis en garde Israël ces dernières semaines contre l’idée d’une «guerre limitée» au Liban qui pourrait pousser l’Iran à intervenir, citant des responsables américains et israéliens.
Les différentes sources citées dans l'article indiquaient que l’administration Biden avait fait savoir au gouvernement de Benjamin Netanyahou qu’elle ne pensait pas qu’une «guerre limitée» au Liban ou une «petite guerre régionale» soient des options réalistes parce qu’il serait difficile d’empêcher qu’elles s’étendent et deviennent incontrôlables.
«L’un des scénarios évoqués par l’administration avec Israël est que le Liban pourrait être submergé par des militants des milices pro-iraniennes de Syrie, d’Irak et même du Yémen qui voudraient rejoindre les combats», a encore écrit Axios, sur la base des informations obtenues par ses sources.
Depuis le mois d'octobre, l'armée israélienne et le Hezbollah s'affrontent quasi-quotidiennement par le biais d'escarmouches et d'attaques ciblées sur des postes d'observation, Tsahal ciblant les cadres du parti chiite. Alors que les deux ennemis se sont d'abord cantonnés à des attaques ne dépassant pas un rayon de cinq kilomètres autour de la zone limitrophe, les opérations ont depuis évolué en intensité et en profondeur.