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Le Premier ministre géorgien prêt à rendre publiques les menaces du commissaire européen

Le chef du gouvernement géorgien Irakli Kobakhidze s'est dit prêt à prouver que le commissaire européen Varhelyi l'avait bien menacé d’un sort identique au Premier ministre slovaque Robert Fico, victime d'une tentative d’assassinat au mois de mai. Oliver Varhelyi nie de telles menaces.

«Nous avons été menacés de beaucoup de choses, y compris d'une répétition du sort du Premier ministre slovaque. Si un pays s'y intéresse, je suis prêt à fournir à l'enquête des informations et des preuves pertinentes», a déclaré ce 5 juin le Premier ministre géorgien à la presse, cité par RIA Novosti.

Le 23 mai dernier, Irakli Kobakhidze avait rapporté qu’un commissaire européen non nommé, lors d'une conversation téléphonique portant sur la loi sur les agents étrangers adoptée en Géorgie, avait évoqué la récente tentative d'assassinat du Premier ministre slovaque Robert Fico. Le commissaire avait énuméré avant cela des mesures que les Occidentaux pourraient prendre si la loi sur les agents de l'étranger était définitivement adoptée en Géorgie. 

Dans la foulée, le commissaire européen à l'Élargissement, Oliver Varhelyi, avait admis avoir évoqué lors d'une discussion avec Irakli Kobakhidze la tentative d'assassinat de Robert Fico, mais que ses propos ne constituaient pas une menace et qu'ils avaient été «sortis de leur contexte».

«Pleinement conscient du sentiment pro-européen très profond de la société géorgienne, j'ai ressenti le besoin, lors de ma conversation téléphonique, d'attirer l'attention du Premier ministre sur l'importance de ne pas enflammer davantage une situation déjà fragile» en adoptant cette loi controversée, s'est justifié le commissaire européen. Ce dernier a précisé avoir mentionné le «tragique» attentat contre Robert Fico comme un exemple de ce que un «haut niveau de polarisation peut provoquer dans une société, y compris en Europe».

La Géorgie sous pression

Le président du Parlement géorgien Chalva Papouachvili a signé le 3 juin la loi sur les agents étrangers adoptée malgré la tentative de veto de la présidente Salomé Zourabichvili. Cette loi entend obliger les médias et les ONG recevant plus de 20% de leur financement de l’étranger à s’enregistrer comme étant sous influence étrangère. 

Le texte est entré ainsi en vigueur, mais la contestation perdure et 160 ONG et médias ont annoncé refuser de se conformer à la loi. À cela s’ajoutent les menaces occidentales pesant sur la Géorgie. Le 14 mai dernier, le secrétaire d'État adjoint américain aux Affaires européennes et eurasiennes James O'Brien avait brandi la menace de sanctions de Washington au cas où le texte serait appliqué.

L'Union européenne a déclaré «regretter profondément» que le Parlement géorgien ait décidé d'annuler le veto sur la loi sur les agents étrangers, selon la Commission européenne. Celle-ci a indiqué dans la foulée du vote étudier toutes les options pour y répondre. Ce texte est jugé contraire aux aspirations d’adhésion de Tbilissi au bloc européen. 

Les détracteurs de la loi affirment qu'elle s'inspire de la législation adoptée par Moscou en 2012. Mais le parti au pouvoir, Rêve géorgien, assure s'être inspiré de la loi américaine sur l'enregistrement des agents étrangers de 1938 (Foreign Agents Registration Act), dans une version bien moins stricte.