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Le Drian de nouveau envoyé par Macron au Liban : une visite pour rien ?

L'émissaire de l'Élysée était les 28 au 29 mai à Beyrouth pour s'entretenir avec les politiques libanais. Face à l'immobilisme de la classe dirigeante, Jean-Yves Le Drian a averti qu'en cas de non-élection d'un président à la tête du pays «ce sera la fin du Liban politique». Beyrouth est sans chef d'État depuis le 31 octobre 2022.

L'émissaire de l'Élysée pour le Liban était à Beyrouth pour une tournée de deux jours du 28 au 29 mai. Jean-Yves Le Drian, qui a rencontré les différents leaders politiques du pays, est resté impuissant. 

En effet, malgré les nombreuses entrevues avec le président du Parlement, Nabih Berry, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohammad Raad, le patriarche maronite, Béchara Raï, le chef du parti Kataëb, Sami Gemayel et celui des Forces libanaises, Samir Geagea, mais également un déjeuner avec le bloc de la Modération nationale (députés majoritairement sunnites), l'ancien chef de la diplomatie française s'est trouvé face à une impasse majeure : l'immobilisme de la classe dirigeante libanaise. 

Une venue de Macron ne changerait rien au problème

En dépit de ses nombreuses venues au pays du Cèdre pour résoudre la crise politique, le Liban est sans président depuis 19 mois et le départ de Michel Aoun du palais Baabda le 31 octobre 2022. Lors de sa nouvelle visite à Beyrouth, les Libanais ont notamment fait savoir à Jean-Yves Le Drian qu'une visite du président français ne changerait rien au problème, rapporte une source diplomatique citée par L'Orient-Le Jour.

D'ailleurs, pour montrer son mécontentement au chef du Parlement libanais, l'émissaire français a déclaré : «Si un président n’est pas élu très vite, ce sera la fin du Liban politique. Il ne restera que le Liban géographique.»

Lors de son entretien avec le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, l'émissaire français a insisté sur la fin des hostilités dans le sud du pays et à mis en avant le document proposé par Paris visant à promouvoir une désescalade à la frontière israélo-libanaise.

Paris contraint d'accepter un candidat du Hezbollah ?

Le parti chiite affirme vouloir la fin des hostilités dans le sud du Liban, les jugeant intrinsèquement liées à la fin du conflit à Gaza. L'Orient-Le Jour précise que l'organisation pro-iranienne est disposée à continuer les discussions autour de l'initiative française pour pacifier la zone limitrophe. 

Toujours selon la même source, plusieurs Libanais pensent que cette visite n'a donné aucun résultat tandis que d'autres voient cette tournée comme une dernière chance pour le quintette (le groupe des cinq pays qui travaillent sur le dossier libanais regroupant le Qatar, l'Égypte, la France, l'Arabie saoudite et les États-Unis).

Une source diplomatique arabe citée par L'Orient-Le Jour estime que Paris pourrait finalement admettre l'hypothèse Sleiman Frangié, candidat du Hezbollah, par crainte d'être mis sur la touche dans le pays et face à l'absence de consensus pour faire élire un président libanais. En mai 2023, des rumeurs sur un intérêt de Paris pour ce candidat avaient provoqué de vives craintes dans le jeu politique libanais. Une hypothèse pour l'heure très incertaine en raison de la guerre dans le sud.