«Cette escalade permanente peut avoir des conséquences graves» a prévenu le président russe Vladimir Poutine ce 28 mai, lors d’une conférence de presse en marge de son déplacement en Ouzbékistan.
Cette mise en garde intervient après que l’Ukraine a réclamé de pouvoir utiliser les missiles livrés par l’Occident pour frapper en Russie. Depuis plusieurs semaines, les déclarations se multiplient parmi ses alliés. Le 27 mai, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a déclaré que Kiev avait «le droit de se défendre» et donc «de frapper des objectifs militaires légitimes en dehors de l'Ukraine».
Les Pays-Bas et l’Estonie le 28 mai, mais aussi Londres au début du mois, se sont prononcés en faveur de cette option. Plus tard dans la journée, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont soutenu l'idée de tirs limités aux points de départs des missiles russes. En revanche l’Italie y est opposée. Les Etats-Unis également, même si des parlementaires républicains ont lancé une pétition à l’administration Biden pour la faire changer d’avis.
«Ils doivent réfléchir à ce avec quoi ils jouent»
«En Europe, en particulier dans les petits pays, ils doivent réfléchir à ce avec quoi ils jouent. Ils doivent garder en mémoire qu'ils sont bien souvent des États ayant un petit territoire avec une grande densité de population», a prévenu Poutine. «Ce facteur est une chose sérieuse qu'ils doivent avoir à l'esprit avant de parler de frapper en profondeur le territoire russe», a-t-il poursuivi.
Selon Vladimir Poutine, ces frappes ukrainiennes seraient préparées par les Occidentaux, qu'il accuse de vouloir «un conflit mondial».
«Regardez tous les reportages occidentaux, personne ne couvre les frappes contre Belgorod, tout le monde dit que la Russie attaque Kharkov. Pas un mot à propos de ce qui a causé une telle situation !», a dénoncé Poutine. Et d'ajouter : «Qu'ils récoltent les fruits de ce qu'ils ont semé. La même chose peut survenir avec l'utilisation d'armes de longue portée».
Le 10 mai dernier, les troupes russes ont lancé une offensive sur le front nord, qui a bousculé les lignes de défense ukrainiennes. Vladimir Poutine a expliqué quelques jours plus tard que cette manœuvre visait un créer une «zone tampon», afin de protéger la région russe de Belgorod des frappes ukrainiennes. Ce 28 mai, Poutine a fustigé le refus occidental de condamner les bombardements ukrainiens dans les régions frontalières russes.
Zelensky n'est plus selon Poutine le gouvernant légitime de l'Ukraine
Rappelant que le mandat présidentiel de Volodymyr Zelensky avait expiré le 20 mai dernier, le président russe a par ailleurs estimé que le seul gouvernement légitime en Ukraine était le parlement et le président de la Rada.
Interrogé sur le déploiement d’instructeurs occidentaux en Ukraine, le président russe a estimé qu’ils étaient déjà là, «sous l'apparence de mercenaires». «Nous le savons bien. Il n'y a rien de nouveau», a-t-il considéré.
Début mai, après que le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron a soutenu le droit des forces ukrainiennes à frapper sur le territoire russe avec des armes livrées par la Grande-Bretagne, la Russie avait notifié Londres qu'elle se réservait le droit de riposter à ce type de frappes sur «n'importe quelle installation et équipement militaire britannique sur le territoire ukrainien et au-delà».
Le président russe a de surcroît ordonné l'organisation d'exercices nucléaires tactiques par l'armée russe, en réponse aux propos d'Emmanuel Macron sur un envoi de troupes en Ukraine et à ceux de David Cameron sur des frappes en territoire russe.