«Nous n'avons pas cédé à la pression», a assuré Peter Szijjártó ce 27 mai, à l’issue d’une réunion des chefs des diplomaties européennes à Bruxelles. Selon le ministre hongrois des Affaires étrangères, les représentants de l'Allemagne, de la Lituanie, de la Pologne et de l'Irlande ont exercé une «pression énorme» sur la Hongrie, opposée au déblocage de l’aide prévue pour Kiev, allant même jusqu'à crier.
«J'en appelle instamment à la Hongrie pour qu'elle permette enfin à nouveau l'aide à l'Ukraine, pour le maintien de la paix», a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock avant la réunion, selon l'AFP.
L'aide militaire à l'Ukraine a été augmentée par les Européens de 5 milliards d'euros au mois de mars dernier mais elle est pour l’heure bloquée par la Hongrie. Cette aide, d'un total de plus de 6,5 milliards d'euros, transite par la Facilité européenne pour la paix (EPF), également bloquée.
Selon le Financial Times, citant plusieurs sources au fait des négociations le 24 mai dernier, Budapest n'a pas imposé son veto à la saisie des fonds russes mais «s’inquiète de l’automatisation des paiements», ne nécessitant plus un aval à l’unanimité pour chacun d’eux.
«41% de toutes les décisions prises par l'UE sur l'Ukraine sont actuellement bloquées par la Hongrie», s'est insurgé le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, aussi cité par l'AFP.
«On ne peut pas accepter qu'un seul pays, qui a accepté ce montant à la table des chefs d'État et de gouvernement (de l'UE) il y a quelques mois, bloque maintenant cette aide cruciale à l'Ukraine», a aussi accusé la cheffe de la diplomatie belge, Hadja Lahbib, toujours selon la même source.
Les Européens ont décidé d'utiliser l'EPF pour faire transiter, en faveur de Kiev, les revenus tirés des avoirs russes immobilisés dans l'UE. Ces revenus représentent entre 2 et 2,5 milliards d'euros par an.
La Hongrie, toujours accusée d’être proche de Moscou
Ouvertement partisane d’un cessez-le-feu en Ukraine, redoutant notamment une escalade entre la Russie et l’OTAN, la Hongrie a en revanche toujours voté les sanctions européennes. Elle est néanmoins régulièrement pointée du doigt par ses partenaires occidentaux pour des positions présentées comme favorables à Moscou. Des partenaires qui, à plusieurs reprises, ont brandi des mesures de rétorsion en vue de contraindre Budapest.
La Hongrie s'oppose également à l'ouverture formelle des négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'UE, alors que plusieurs alliés européens de Kiev souhaiteraient la voir advenir avant la fin du mois de juin. Mais Budapest juge que les conditions d'adhésion ne sont pas remplies.