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Guerre à Gaza : la Cour internationale de Justice ordonne à Israël d’arrêter ses opérations à Rafah

Ce 24 mai, la Cour internationale de Justice (CIJ), plus haute juridiction des Nations unies, a ordonné à Israël de mettre fin à ses opérations militaires à Rafah, a annoncé le président de l'instance, Nawaf Salam, lors d’une audience.

Israël doit cesser ses opérations militaire à Rafah, a ordonné ce 24 mai à l'issue d'une audience la Cour internationale de Justice (CIJ), plus haute juridiction des Nations unies.

«La Cour considère qu’Israël doit, conformément aux obligations lui incombant au titre de la convention sur le génocide, arrêter immédiatement son offensive militaire, et toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah, qui serait susceptible de soumettre le groupe des Palestiniens de Gaza à des conditions d’existence capables d’entraîner sa destruction physique totale ou partielle», stipule notamment l’ordonnance rendue par la Cour.

Celle-ci ordonne également à l’État hébreu de «maintenir ouvert le terminal de Rafah pour permettre la fourniture sans entrave et à grande échelle des services de base et de l'aide humanitaire dont il a un besoin urgent».

Les décisions de la CIJ sont contraignantes, rappelle le secrétariat général de l’ONU

Israël doit fournir un rapport sur les mesures prises conformément à la résolution dans un délai d'un mois à compter de son annonce, a précisé le président de l'instance, Nawaf Salam. Par la voix de son porte-parole, Stéphane Dujarric, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a rappelé que les décisions de la CIJ était «contraignantes» et devaient être «dûment» respectées.

«Il s'agit d'un ensemble de mesures provisoires beaucoup plus fermes dans leur formulation et d'un appel très clair à l'arrêt des hostilités», s’est félicité la ministre des Affaires étrangères sud-africaine Naledi Pandor sur la chaîne nationale SABC. «Nous saluons ces mesures provisoires, notamment sur l'arrêt de l'opération militaire à Rafah [...] et l'appel à rouvrir le point de passage de Rafah» pour l'entrée de l'aide humanitaire, a déclaré à la presse l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour, soulignant qu'Israël «doit respecter» ces décisions contraignantes, «sans hésitation».

Dans un communiqué commun du ministère des Affaires étrangères et du Conseil de la sécurité nationale, Israël s'est défendu, en affirmant qu'il «n'a pas mené et ne mènera pas d'opérations militaires dans la zone de Rafah qui créent des conditions de vie susceptibles de conduire à la destruction de la population civile palestinienne, en tout ou en partie». Le Hamas a pour sa part salué la décision de la CIJ tout en déplorant que celle-ci se limite «seulement à Rafah».

Israël continuera à se battre, «y compris à Rafah», a déclaré Gantz à Blinken

Dans la foulée de cette décision, Benny Gantz, membre du cabinet de guerre a déclaré au chef de la diplomatie américaine qu’Israël, qui «s’est lancé dans une campagne juste et nécessaire» après la sanglante attaque du Hamas le 7 octobre, était «obligé de continuer à se battre pour récupérer ses otages et assurer la sécurité de ses citoyens, à tout moment et en tout lieu, y compris à Rafah».

«Nous continuerons d'agir conformément au droit international à Rafah et partout où nous opérons, et nous nous efforcerons d'éviter de nuire à la population civile. Pas à cause du tribunal de La Haye, mais avant tout à cause de qui nous sommes », a-t-il déclaré à Anthony Blinken lors d'un échange téléphonique, selon des propos rapportés par The Times of Israël.

Les 16 et 17 mai, la Cour internationale de Justice a tenu des audiences sur la demande de l'Afrique du Sud d'imposer à Israël des mesures conservatoires supplémentaires en raison de son opération à Rafah. Le représentant de Prétoria, l'ambassadeur d'Afrique du Sud aux Pays-Bas, Visumuzi Madonsela, avait appelé les juges à contraindre l’État hébreu d'arrêter ses opérations militaires dans la bande de Gaza. Au même moment, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avait annoncé «intensifier» les opérations au sol à Rafah, avec le déploiement de forces supplémentaires.

Netanyahou reste sourd aux pressions de la Maison Blanche

Le 6 mai, les Forces de défense israéliennes ont lancé des opérations militaires dans les zones orientales de Rafah, dernière grande ville du sud de la bande de Gaza où plus d’un million de Palestiniens se sont réfugiés après sept mois de combats et de bombardements qui ont dévasté l’enclave gazaouie.

Deux jours plus tard, le président des États-Unis - premier soutien militaire d’Israël - avait brandi la menace de suspendre la fourniture de certaines armes offensives à Israël si Tsahal «entre dans Rafah». Si Israël «devait faire cavalier seul, nous ferons cavalier seul» avait réagi à cet avertissement de la Maison Blanche le Premier ministre Benjamin Netanyahou. «Tsahal dispose d’armements pour les missions qu’il prévoit, y compris à Rafah. Nous avons ce dont nous avons besoin», avait pour sa part déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari.

Fin décembre, l'Afrique du Sud avait intenté devant la CIJ une procédure contre Israël, affirmant que l’État hébreu violait la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948, établie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste.